

PLAN
VOLUME INTÉGRAL
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Aby Emmanuel AKADJÉ : RÉFLEXIVITÉ ET SIGNIFIANCE DANS FER DE LANCE DE BOTTEY ZADI ZAOUROU (Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan)
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Adayé AHOUMA : ÉTHIQUE ET COSMOPOLITISME : DE L’ÉCUEIL DES PARTICULARITÉS (Universités de Montréal et Bouaké)
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Assanti Olivier KOUASSI : LE TRAITÉ THÉOLOGICO-POLITIQUE, UN PLAIDOYER POUR LA LIBERTÉ D'EXPRESSION ET DE PENSÉE DANS UNE SOCIÉTÉ ÉMANCIPÉE
(Université Alassane Ouattara (R.C.I)
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Barthélémy Toumgbin DELLA : DU CONFINEMENT À LA CRISE DE L’INTERSUBJECTIVITÉ : RÔLE DE L’INTERNET ET INTÉRÊT DE L’HUMANISME DE JEAN-PAUL SARTRE (Université Alassane Ouattara (Côte D’ivoire))
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Abraham GBOGBOU : DIALOGUE ET RECHERCHE DE LA PAIX EN CÔTE D’IVOIRE: ANALYSE PRAGMATIQUE DES STRATEGIES ARGUMENTATIVES DANS L’ADRESSE DES CHEFS TRADITIONNELS DU SUD A MONSIEUR HENRI KONAN BEDIE
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Kouassi Simplice KOUAKOU : MÉTAPHYSIQUE ET DIALECTIQUE COGNITIVE DE LA RAISON DANS LA THÉORIE DES TROIS ÉTATS D’AUGUSTE COMTE
(Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d’Ivoire))
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Chantal PALÉ épouse KOUTOUAN : LA FEMME ET LA QUESTION DU POUVOIR AU PRISME DU PHILOSOPHER MACHIAVÉLIEN
(Université Alassane Ouattara)
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Jean-Hervé WOBE et Awa TOURE : DISCOURS IDENTITAIRE ET NÉCESSITÉ D’UNE COHÉSION SOCIALE RÉUSSIE EN CÔTE D’IVOIRE
(Université Alassane Ouattara ;Université Félix-Houphouët Boigny)
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Youldé Stéphane DAHE : MONDIALISATION ET DENTITÉ NATIONALE DES ÉTATS AFRICAINS
(Université Alassane Ouattara)
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Anicet MBOUMBA : LE GABON FACE AUX ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT DURABLE : COMMENT CONCILIER LES NÉCÉSSITÉS ÉCONOMIQUES ET LES IMPÉRATIFS ÉCOLOGIQUES ?
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RÉSUMÉ
Djaka, Revue Internationale de Sciences Humaines (RISH) fait signe à tous les chercheurs de haut niveau, soucieux de la nécessité de partager des postures authentiques. Elle est indépendante de toute institution académique, malgré les évidents partenariats qu’elle tisse avec de nombreux espaces de savoir. Par ailleurs, Djaka (RISH) est respectueuse des pairs qui l’honorent en la choisissant comme outil de diffusion de leurs travaux. Un respect manifeste dans les évaluations et la promptitude des échanges. Une équipe dynamique instruite aux réflexes et objectifs fondamentaux est à l’œuvre pour tout fluidifier. Un accent particulier est mis sur la maîtrise de la langue et la structuration franche des problématiques. Les énonciations discursives doivent à toutes les strates en être irriguées ; la consistance espérée y incline. La sélection des articles n’est orchestrée par aucune forme d’ostracisme ou autres semblables, les strictes consignes et la grille d’évaluation officielle en exhibent la réalité.
RÉSUMÉS ET INTRODUCTIONS
RÉFLEXIVITÉ DISCURSIVE ET SIGNIFIANCE DANS FER DE LANCE DE BOTTEY ZADI ZAOUROU
Dr Aby Emmanuel AKADJÉ
Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan​
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RÉSUMÉ
L’étude de l’anthroponymie porte essentiellement sur les noms propres de personnes. En la circonscrivant, il est question de la maîtrise de certaines réalités de l’onomastique agni. Aussi, à travers une étude sociocritique, elle a relevé les symboles, les sens et les significations des noms de personnes en tenant compte de leur catégorisation. Dès lors, il apparaît assez de classes nominales dans l’analyse de celle-ci. Partant de l’étude des noms propres du Moronou, il ressort l’importance dans la façon de nommer chez les Morofwé en particulier, et chez les Africains en général. Il sied donc de retenir la vision du Morofwé aux plans culturel et social pour confirmer le passage de l’homme et l’existence naturelle du nom.
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MOTS-CLÉS
Métadiscours - Réflexivité - Autoréférence - Signifiance - Paraliques symboliques
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ABSTRACT
The concept of meta-discourse is part of the study of the functions of language. It is code-centered and corresponds to the various definitions contained in the words or phrases. Zadi uses it in “Spearhead” to free the words from their shackles and give them free rein in their deployment by speaking out and revealing themselves. The stylistic process in force in the text is above all the symbolic parallels which participate in the underlining of discursive reflexivity. On this basis, the identity of the characters, the enunciative phrase Spearhead and the musical arc unfolds in a self-referential act. Our analysis therefore dwelled on the telling of the discourse of meta-discursive forms and their effects in the elaboration of meaning.
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KEYWORDS
Meta-discourse - Reflexivity - Self-references - Significance - Symbolic parallels
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INTRODUCTION
La production poétique de Zadi Zaourou est de coutures aux modèles variés et divers. Cette production poétique, de par sa structure qui a fait dire d’elle qu’elle est le sacre du rythme[1], est une écriture innovante répondant aux recherches et travaux de l’auteur sur la parole poétique Négro-africaine. Son œuvre, de façon générale, renferme toutes les subtilités langagières qui font le prisme et le récital des procédés stylistiques. C’est alors que les notions relatives à la linguistique sont nombreuses et variées. Nous voudrions, en cela, porter un regard sur les fonctions du langage, théorisées et développées par le linguiste Roman Jakobson, à travers le schéma de la communication exposé dans son ouvrage Essais de linguistique générale (1966). A cet effet, notre projet vise à analyser – et nous emprunterons le propos de C. Peyroutet (1994, p. 8) –, « la vocation stylistique des fonctions ». Cependant, notre réflexion se focalisera singulièrement sur la fonction métalinguistique.
Reliée au code, la fonction métalinguistique relève d’un modèle d’écriture reposant sur le discours qui se dit, le discours assujetti à son propre discours. Autrement dit, elle est un métalangage, un métadiscours. A ce propos, R. Jakobson (1966, pp. 217-218) écrit :
Une distinction a été faite dans la logique moderne entre deux niveaux de langue, le « langage-objet », parlant des objets, et le « métalangage » parlant du langage lui-même. Mais le métalangage n’est pas seulement un outil scientifique nécessaire à l’usage des logiciens et des linguistes ; il joue aussi un rôle important dans le langage de tous les jours. Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, nous pratiquons le métalangage sans nous rendre compte du caractère métalinguistique de nos opérations. Chaque fois que le destinateur et/ou le destinataire jugent nécessaire de vérifier s’ils utilisent bien le même code, le discours est centré sur le code : il remplit une fonction métalinguistique.
Ce théoricien définit ainsi la fonction métalinguistique en mettant en lumière son rôle dans le système de communication aussi bien verbale qu’écrite. Dans cette même perspective, B. Cocula et C. Peyroutet (1989, p. 37) affirment qu’elle (la fonction métalinguistique) est « un langage qui parle du langage ». C’est à juste titre que J. G. Tamine (2013, p. 124) souligne qu’on parle de fonctionnement métalinguistique, ou métalangue, quand il s’agit de commenter la langue. Une métalangue est une langue qui porte sur une langue, qui la décrit, qui l’analyse. Une des propriétés des langues naturelles est que la métalangue utilise les mêmes termes et constructions que la langue courante. De la sorte, l’étude du métadiscours dans un texte implique tous les phénomènes de réflexivité, mieux les phénomènes d’autoréférence axés sur l’énonciation discursive à savoir les signes linguistiques et extralinguistiques, lesquels signes participent de la construction du sens d’un texte. Ses modalités linguistiques, au niveau de l’écriture, sont entre autres la ponctuation à travers les deux points, les guillemets, les parenthèses etc. et les particules symboliques dont l’effet est le greffage d’unités lexicales chorégraphiant ainsi le noyau d’un groupe lexical pour lui donner un fourmillement de sens.
Le sujet que postule notre réflexion et qui en fait sa pertinence se consigne donc dans la théorie de Roman Jakobson et s’inscrit dans la même veine que l’étude de F. N. Atsain (2005) relative à l’incipit du conte africain. C’est en cela que le critique ivoirien affirme :
Le conte africain, souvent, donne à lire sa matière dans son propre dévoilement (…) Tout se passe comme si le conteur superposait deux textes de même nature et de même contenu et signification, dans une servitude voulue, où l’un est le dévoilement de l’autre, où l’un chante l’autre et l’évoque. (…) Ainsi, le conte s’affiche lui-même dans sa phénoménologie. (…) Le conte décrit de la sorte sa propre réflexivité. (F. N. Atsain, 2005, pp.92, 95, 96 et 97)
Ce critique littéraire, en traitant des incipits des contes, révèle le caractère autoréférentiel de ceux-ci de sorte à permettre aux lecteurs et aux spectateurs – dans le cadre d’une veillée de conte – de mieux cerner la poétique des contes ainsi que leurs déterminations poétiques. Notre contribution est en rapport avec la poésie et révélera la littérarité des formules méta-discursives mises en jeu dans la parole poétique. Ce sujet, avec ses contours qui imposent de notre part une lecture dynamique de l’ouvrage à nous soumis, est ainsi libellé : « Réflexivité discursive et signifiance dans Fer de lance de Bottey Zadi Zaourou. Il s’agit de la notion de métadiscours ou fonction métalinguistique et son système de construction du sens. En d’autres termes, cette étude interrogera les formes méta-discursives et leurs parts de sens dans le fonctionnement de cette création poétique.
L’orchestration poétique de Zadi Zaourou dans ses forme et fond embrasse donc cette fonction du langage en plus des variantes rythmiques, des écarts sur le plan phonique et sémantique de types paradigmatiques et syntagmatiques, pour lui donner une écriture polymorphe. Ce tramage de mots et de syntagmes en relation de réflexivité, assure au texte son maximum d’efficacité et d’expressivité, faisant de la poésie, un genre littéraire qui privilégie les procédés réitératifs.
Au plan méthodologique, nous nous appuierons sur la stylistique fonctionnelle et structurale qui permet de mieux élucider, à notre avis, le métadiscours. C’est dans ce sens que nous pouvons comprendre P. Guiraud (1975, p. 124) dans le propos suivant :
A communique à B une pensée P dans une forme F. (…) Entre ces quatre termes s’institue un système d’interrelations complexes. Qui est A ? Quelle idée se fait A de lui-même ? Quelle idée se fait-il de B ? et quels sont les rapports de A et B avec la pensée P et la forme F, avec la pensée et le langage en général ? etc. On rentre bientôt dans un jeu de miroirs d’une complexité et d’une subtilité infinies.
Ce jeu de miroirs dont parle ce stylisticien, renvoie à tous les phénomènes de réflexivité par lesquels le discours du locuteur réfère à son propre discours, à sa propre énonciation, à son propre procès. Nous sommes, par conséquent, de plain-pied dans le métadiscours. Et, la problématique qui sous-tend notre sujet porte sur les possibilités métalinguistiques des structures mises en place dans le texte et leurs effets dans l’élaboration de la signifiance. Alors, que recouvrent les unités lexicales dans leur rapport méta-discursif ? Pour répondre à cette problématique, nous étudierons l’identité des personnages, les images symboliques de Fer de lance ainsi que l’identité et la personnalité de l’arc musical.
[1] Nous pensons surtout aux configurations rythmiques de la réécriture notamment les parallélismes de toutes sortes (syntaxique, asymétrique etc.) et les différentes figures de construction (anaphore, épiphore, chiasme, etc.). Nous pensons également à la synonymie ainsi qu’aux diverses formes pour exprimer une même idée. Celles-ci rendent compte de l’expressivité de la fonction métalinguistique du langage, objet de notre étude.
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ÉTHIQUE ET COSMOPOLITISME : DE L’ÉCUEIL DES PARTICULARITÉS
Ahouma Adayé
Enseignant-chercheur, Universités de Montréal et Bouaké
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RÉSUMÉ
Le cosmopolitisme implique l’idée d’une communauté humaine régentée par un ordre unique qui infirmerait les scansions que sont les frontières et normes particulières qui les identifient. Il s’agit d’unification des procédure et actes juridico-politiques en vue d’une équité des interactions globales. Une telle perspective affronte nécessairement les nombreuses spécificités inhérentes au monde actuel massivement porté par des réflexes nationalistes explicites. Les limites du cosmopolitisme sont donc à comprendre à partir de ces particularités épaisses et endurantes qui parcourent notre réalité mondaine. Mais l’incapacité manifeste de certaines nations à neutraliser les difficultés immédiates des citoyens, fait du cosmopolitisme une prometteuse issue à ne pas négliger. Cette analyse convoque les différentes postures et faits pour clarifier les contours, interstices et réalités de ce cosmopolitisme déjà à l’œuvre dans certaines pratiques.
Mots-clés
Christianisme - Cosmopolis - Droit - État - Finalité - Particulier -Souveraineté - Universel
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ABSTRACT
Cosmopolitanism implies the idea of a human community governed by a single order which would invalidate the scansions that are the particular borders and norms that identify them. It is a question of unification of legal and political procedures and acts with a view to fairness in global interactions. Such a perspective necessarily confronts the many specificities inherent in the current world overwhelmingly driven by explicit nationalist reflexes. The limits of cosmopolitanism are therefore to be understood from these thick and enduring particularities which run through our worldly reality. But the manifest inability of some nations to neutralize the immediate difficulties of citizens makes cosmopolitanism a promising outcome that should not be overlooked. This analysis brings together the different postures and facts to clarify the contours, interstices and reality of this cosmopolitanism already at work in certain practices.
Keywords
Christianity - Cosmopolis - Law - State - Purpose - Particular -Sovereignty - Universal
INTRODUCTION
Le concept « cosmopolitisme » est étymologiquement issu du terme grec kosmos « monde », et polis « cité ». Il désigne une acception politico-juridique du monde, c’est-à-dire une unité des relations humaines régie par un droit commun. Habermas voit le cosmopolitisme comme : « politique intérieure à l’échelle de la planète, mais sans gouvernement mondial »[1].
Il y a dans cette conception la nécessité de mettre de côté la souveraineté telle que nous la percevons. Celle-ci ne peut faire corps avec le cosmopolitisme sans mettre en évidence des contradictions marquantes. Il faut donc se départir de la souveraineté pour que le déploiement du cosmopolitisme atteigne le niveau d’efficacité requis : « Le concept kantien d’une alliance des peuples qui soit permanente tout en respectant la souveraineté des États, n’est pas consistant. Il faut que le droit cosmopolitique soit institutionnalisé de telle manière qu’il engage les différents gouvernements »[2].
Il est évident que l’incapacité de l’État-nation à affronter les multiples problèmes des sociétés, donne une acuité pertinente au cosmopolitisme qui philosophiquement pense la politique relativement à l’universel. Cette mondialisation de la réalité humaine reposant sur des normes juridiques internationales pose problème, puisqu’elle taquine et infirme en permanence les indicateurs particuliers, spécifiquement ceux en lien avec la légalité locale. Le droit national est sommé de se conformer aux décisions juridiques internationales. Mais le cosmopolitisme signifie aussi un regard particulier sur tout ce qui est en rapport avec les pays et les étrangers. Dans son acception négative, le cosmopolite est perçu comme celui qui n’a aucune attache contrairement aux nationaux. Cette conception péjorative fait du cosmopolite un être peu fiable susceptible de trahir la nation. C’était un des qualificatifs du juif ; on ne pouvait compter sur lui pour défendre en toute sincérité les intérêts substantiels de la nation. N’ayant pas de terre, il ne pouvait qu’être traite.
Le cosmopolite c’est aussi un polyglotte qui aime les voyages et cultures exogènes. Le cosmopolitisme souligne par ailleurs l’unité du genre humain et relativise l’importance des États. Le cosmopolite est très accroché à la liberté, la paix et l’universalité ; préfère le monde à la patrie. Il se méfie des identités, religions et tout ce qui renvoie à des particularismes limités et structurés par le hasard. Le cosmopolitisme n’est pas un rejet absolu de l’appartenance à une communauté, mais une conception qui pose l’universel et le monde comme un horizon de possibilités positives plus attrayant. Idée mise en évidence par Marc Aurèle dans une de ces célèbres phrases. Il s’y identifie en tant qu’individu et en tant qu’homme comme appartenant respectivement à Rome et à l’univers[3]. Le monde et l’univers sont des entités qui donnent sens et valeur à la cité. Ils sont la condition de compréhension ou de réflexion dans et sur la cité. Il faut éviter d’isoler celle-ci de cet horizon qui permet de mieux saisir la portée des actes et projections.
Mais, face aux urgences qui actuellement assaillent la cité-monde, en quoi la compréhension du concept « cosmopolitisme » peut-elle éclairer les idées et pratiques ? Le cosmopolitisme peut-il avoir un dessein ou finalité dans un monde transi de particularismes consistants ?
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LE TRAITÉ THÉOLOGICO-POLITIQUE, UN PLAIDOYER POUR LA LIBERTÉ D'EXPRESSION ET DE PENSÉE DANS UNE SOCIÉTÉ ÉMANCIPÉE
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Assanti Olivier KOUASSI
Enseignant-Chercheur, Université Alassane Ouattara (R.C.I),
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RÉSUMÉ
En sursis à l’excommunication et à la persécution, Spinoza n’a pu résister à la tentation d’écrire le Traité théologico-politique dont l’objet était de dénoncer les préjugés des théologiens qui s’opposaient à la pratique de la philosophie. Pour lui, la religion ne devrait pas être un frein à la liberté de philosopher. Cette liberté spinozienne s’entend comme la liberté du choix de sa religion d’expression et de pensée. Cet ouvrage pourrait être considéré aujourd’hui comme un plaidoyer pour la liberté d’expression et de pensée donc un remède à l’intolérance politico-religieuse et au terrorisme. Définie comme la théorie de la revendication politique ou religieuse fondée sur la logique de l'extermination ou de l'intimidation de l'adversaire, le terrorisme est l'utilisation permanente de la violence par certaines organisations politiques ou religieuses pour atteindre leurs objectifs : faire pression sur l'état, forcer une population à obéir, faire connaître une cause, promouvoir une idéologie. Dans cet ouvrage avant-gardiste de la philosophie des lumières, Spinoza promeut les valeurs d’acceptation de la différence, notamment la laïcité et la tolérance qui sont les piliers de la démocratie et de la paix.
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Mots-clés
Antidote, État, Liberté, Plaidoyer, Politique, Religieux, Spinoza, Terrorisme
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ABSTRACT
In a stay of excommunication and persecution, Spinoza could not resist the temptation to write the Theological-Political Treaty whose object was to denounce the prejudices of theologians who opposed the practice of philosophy. For him, religion should not be a barrier to the freedom to philosophize. This Spinozian freedom is understood as the freedom of choice of religion of expression and thought. This book could be considered today as a plea for freedom of expression and thought and thus a remedy to politicalreligious intolerance and terrorism. Defined as the theory of political or religious claim based on the logic of extermination or intimidation of the opponent, terrorism is the permanent use of violence by certain political or religious organizations to achieve their objectives: to put pressure on the state, to force a population to obey, to promote a cause, to promote an ideology. In this avant-garde book of the philosophy of enlightenment, Spinoza promotes the values of acceptance of difference, especially secularism and tolerance, which are the pillars of democracy and peace.
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Keywords
Antidote, State, Freedom, Advocacy, Politics, Religion, Spinoza, Terrorism
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INTRODUCTION
La tolérance a pour socle la distinction irréductible des sphères du public et du privé. Elle est fondée non pas sur le principe de la liberté de conscience mais sur celui de la non -immixtion de la puissance publique dans les croyances de chacun. L’État doit donc tolérer chaque religion dans la mesure où ses dogmes et ses rites ne conduisent pas à transgresser les lois civiles ; réciproquement, l’Église ne doit pas intervenir dans la vie publique et politique. Les églises doivent se tolérer puisqu’issues du rassemblement volontaire de fidèles, elles n’ont pas à tenter de forcer les consciences. Cependant, nos sociétés actuelles sont en proie à des violations des droits humains et des violences politico-religieuses notamment le terrorisme du fait des différentes croyances et idéologies. La liberté d’expression et de pensée chère à la doctrine philosophique Spinoza se trouve être menacée. Car, en rédigeant le Traité théologico-politique, Spinoza visait à rétablir le triomphe de la raison et de la liberté sur la religion et la foi chrétienne dans la Hollande du XVIIe Siècle sous l’emprise et la terreur de la religion. La liberté de philosopher et de dire notre sentiment ; je désire l’établir par tous les moyens : l’autorité excessive et le zèle indiscret des prédicants tendent à la supprimer » (B. Spinoza, 1966, pp.232- 233). En effet, Spinoza dans cet ouvrage, démontre que la liberté de culte et de pensée est le socle du fonctionnement viable d’une République. Pour lui, la confiscation de cette prérogative inaliénable à tout peuple, peut mettre l’ordre et la paix de l’État en péri. Sa crainte se justifie par les principes fondateurs des monarchies de droit divin ou le roi est nécessairement l’incarnation de Dieu sur Terre. Cette conception du statut du roi inféodant le naturel au surnaturel, c’est-à-dire conférant un pouvoir divin au roi, est dénoncée par Spinoza. Devant cet état de fait, en quoi l’ouvrage de Spinoza intitulé Traité théologico-politique seraitil un plaidoyer en faveur de la liberté d’expression et de pensée ? Dans quel contexte Spinoza rédige –t-il cet ouvrage contre cette intolérance de son époque ? Comment l’auteur dénonce –t-il cette confiscation des libertés fondamentales et quels en sont les enjeux ? Dans une analyse historico-critique, nous présenterons d’une part, le contexte, d’autre part, les enjeux de la rédaction du Traité théologico-politique avant de finir par procéder à la description de la privation des libertés au sein des monarchies de droit divin et des moyens palliatifs que l’auteur y propose.
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DU CONFINEMENT À LA CRISE DE L’INTERSUBJECTIVITÉ : RÔLE DE L’INTERNET ET INTÉRÊT DE L’HUMANISME DE JEAN-PAUL SARTRE
Barthélémy Toumgbin DELLA
Maître-Assistant / Université Alassane Ouattara (Côte D’ivoire)
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RÉSUMÉ
Quand la COVID-19 menace l’humanité d’anéantissement, on a recours au confinement pour freiner sa propagation. Quand le confinement ouvre l’horizon d’une crise de l’intersubjectivité, le rôle de l’internet se veut déterminant : entretenir les rapports interhumains à distance. Mais, l’internet risque de porter un autre coup à l’intersubjectivité, si tel est que les internautes se dévouent au monde virtuel au détriment du monde réel. Finalement, que faut-il pour entretenir les rapports interhumains en période de confinement ? Certes, il faut faire recours à l’internet, mais il faut impérativement que nos rapports à la toile se construisent sur un fondement humaniste, au sens sartrien : il faut sortir de l’internet-centrisme, pour donner l’opportunité à l’homme confiné de vivre pleinement de valeurs sociales ou communautaires.
Mots-clés
Confinement ; COVID-19 ; Humanisme ; Internet ; Intersubjectivité ; Télétravail.
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ABSTRACT
When COVID-19 threatens humanity with annihilation, containment is used to curb its spread. When confinement opens up the horizon of a crisis of intersubjectivity, the role of the internet is decisive: to maintain human relations at a distance. But, the internet risks dealing another blow to intersubjectivity, if internet users devote themselves to the virtual world to the detriment of the real world. Finally, what is needed to maintain human-to-human relationships during a period of confinement? Of course, we have to resort to the internet, but it is imperative that our relationship to the web be built on a humanist foundation, in Sartre’s sense: we have to get out of internet-centrism, to give the opportunity to man confined to live fully from social or community values.
Keywords
Containment; COVID-19; Humanism; Internet; Intersubjectivity; Telework.
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INTRODUCTION
L’histoire de l’humanité enregistre, depuis la fin de l’année 2019, une crise sanitaire sans précédent. Il s’agit de l’apparition et de la propagation, à une vitesse exponentielle et à l’échelle mondiale, de la COVID-19, qui expose toute l’humanité au risque d’anéantissement total. En un temps record, plus de cent quatre-vingt (180) pays répartis sur les cinq (5) continents sont touchés par le mal. Les activités socio-économiques, quand elles ne sont pas suspendues, subissent un ralentissement inhabituel dommageable aussi bien pour les États que pour les ménages. On enregistre au quotidien un tableau effrayant de morts qui se comptent par dizaines de milliers. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) se voit alors obligée de déclencher l’alerte de la pandémie. Tous les gouvernements, en synergie avec la communauté scientifique, sont en alerte maximale, afin de trouver le remède à ce mal. Avant l’espoir d’un vaccin sûr, et/ou d’un traitement approprié, le confinement des individus et/ou des populations semble être l’idéale option, pour freiner la propagation du virus. Mais si, au nom de l’instinct de conservation, l’homme choisit le confinement, une telle option met à mal sa posture essentielle d’animal politique. « Restez chez vous » demeure la consigne majeure relayée par les médias aux quatre coins du monde. « Restez chez vous », dans le contexte de la COVID 19, prend le sens d’une recommandation et même d’une injonction à éviter le contact direct avec les autres. On n’est pas loin d’une crise de l’intersubjectivité dont les signes avant-coureurs s’expriment comme éloignement voire méfiance vis-à-vis de l’autre.
Face à ce mal consécutif à la maladie, le recours à l’internet pourrait opportun. Le choix de la visio-conférence en lieu et place de sommets internationaux en bonne et due forme, ainsi que l’option palliative du télétravail dans certaines entreprises, au fort de la pandémie, ne manquent pas de convaincre sur le rôle que pourrait jouer la toile mondiale pour juguler la crise de l’intersubjectivité que pourrait occasionner le confinement. Si c’est au XXIème siècle que le coronavirus menace, la réalité socio-culturelle de ce siècle pourrait servir : le monde est devenu un village planétaire grâce à la Révolution numérique, avec son réseau mondial d’information et de communication qu’est l’internet. Initialement conçu pour sécuriser des bases de données au plan militaire, l’internet est aujourd’hui si bien vulgarisé qu’il occupe une place de choix dans tous les domaines d’activités : communication, affaires, éducation, recherche, loisir. À partir de la toile mondiale, les hommes “entrent en commerce” les uns avec les autres, quelles que soient leurs positions géographiques. Cette expérience améliorée pourrait servir à prévenir une éventuelle crise de l’intersubjectivité propre au confinement. Mais bien souvent, les usagers d’internet s’inscrivent dans une sorte de réclusion semblable au confinement. Sur les autoroutes du web, les internautes se construisent un monde à part, un monde en ligne, qui ignore presque tout du monde réel dans lequel ils vivent. En ce sens, le recours tant recommandé à l’internet risque d’accentuer le mal du confinement au lieu de l’alléger. Autrement dit, il risque de nous éloigner davantage les uns des autres au lieu de nous rapprocher.
Dès lors, cette production a pour principal objectif de montrer qu’une dose d’humanisme est nécessaire, dans nos rapports à l’internet, pour résoudre une quelconque crise de l’intersubjectivité consécutive au confinement. L’humanisme de Sartre pourra précisément servir de boussole. Dans ce cas, quel intérêt y a-t-il à convoquer l’humanisme sartrien dans nos rapports à l’internet, pour résoudre la crise de l’intersubjectivité propre au confinement ? Avant tout, le confinement ne traduit-il pas l’échec de la rencontre des corps ? Aussi, cet échec ne pourrait-il pas être atténué par nos rapports à l’internet qui pourraient rallumer la flamme du mitsein ? Enfin, le recours à l’internet ne nous expose-t-il pas à une forme d’oubli de l’autre, dont la solution viendrait de l’humanisme sartrien ? On peut formuler cette hypothèse : l’intérêt de l’humanisme de Sartre, dans nos rapports à l’internet dans le cadre du confinement, pourrait se saisir dans son caractère solidaire.
L’examen de cette hypothèse suivra une méthode descriptive et critique, dans l’élan de trois objectifs spécifiques : montrer que le confinement entraînera, tôt ou tard, une crise de l’intersubjectivité ; montrer que l’internet peut servir à prévenir ou à résoudre la crise de l’intersubjectivité que pourrait provoquer le confinement ; montrer que le recours à l’internet, dans la prévention ou la résolution d’une éventuelle crise de la communication des consciences, nécessite aussi le recours à l’humanisme sartrien. C’est ainsi que la première partie de ce texte présentera l’échec de la rencontre des corps comme l’expression d’une crise de l’intersubjectivité due au confinement. Quant à la deuxième partie, elle situera le rôle de l’internet dans la communication des consciences, en période de confinement. Enfin, la troisième partie sera à la fois l’occasion d’un constat et d’un appel : le constat de l’homme interné par internet et l’appel à l’humanisme solidaire en période de confinement.
DIALOGUE ET RECHERCHE DE LA PAIX EN CÔTE D’IVOIRE: ANALYSE PRAGMATIQUE DES STRATEGIES ARGUMENTATIVES DANS L’ADRESSE DES CHEFS TRADITIONNELS DU SUD A MONSIEUR HENRI KONAN BEDIE
Abraham GBOGBOU
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RESUME
​L’usage de la parole a été donné à l’homme pour exercer une influence : telle est la position de la Rhétorique d’Aristote rédigée entre 329 et 325 avant J-C. C’est une rhétorique qui fonctionne comme l’art de persuader. On cherche à persuader l’auditoire pour une cause bien précise. Ainsi la politique, par exemple, est un champ où s’exerce l’art de la persuasion soit pour emporter l’adhésion de l’auditoire à son programme de gouvernement, soit pour un règlement de conflit. En Afrique, l’arbre à palabre est l’espace privilégié de règlement de différends. Les négociateurs sont les gardiens de la coutume ou de la tradition qu’il est convenu d’appeler les Chefs traditionnels. Cette étude met en relief ce rôle qui a toujours été le leur (Chefs traditionnels) en vue de prévenir ou régler une crise sociale et armée en Côte d’Ivoire. Le dialogue s’avère l’instrument utilisé pour parvenir à cette fin utile : la Paix. La pragmatique intégrée ou linguistique est la technique argumentative à partir de laquelle cette étude sera menée, avec pour support les adresses des Chefs traditionnels du Sud et Monsieur Henri Konan Bédié à Daoukro.
MOTS-CLÉS
Dialogue, Paix, Argumentation, Epidictique, Délibératif.
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ABSTRACT
The use of speech was given to man to exert influence: such is the position of Aristotle's Rhetoric written between 329 and 325 BC. It is a rhetoric that functions as the art of persuasion. One seeks to persuade the audience for a specific cause. Politics, for example, is a field in which the art of persuasion is exercised either to win the audience's support for the government's program or to resolve conflict. In Africa, the palaver tree is the privileged space for conflict resolution. Negotiators are the guardians of the custom or tradition, known as traditional chiefs. This study highlights this role which has always been theirs (Traditional Chiefs) in preventing a social and armed crisis in Côte d'Ivoire. Dialogue proves to be the instrument used to achieve this useful end: Peace. Integrated pragmatics or linguistics is the argumentative technique from which this study will be carried out, with the support of the addresses of the traditional chiefs of the South and Mr Henri Konan Bédié in Daoukro.
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​KEY WORDS
Dialogue, Peace, Argumentation, Epidictic, Deliberative.
​INTRODUCTION
De son vivant, le premier Président de la République de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny a fait du dialogue sa principale philosophie de recherche de la Paix. On lui reconnaît ces pensées devenus classiques par l’usage qui en est fait : « Le dialogue est l’arme des forts. » ; « la Paix ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement. » Le passage de l’homme de l’état de nature à l’état civil justifie éloquemment son besoin de sécurité et de vivre ensemble avec l’autre en Paix.
Le sujet que nous nous proposons d’analyser s’inscrit précisément dans cette perspective, et s’énonce comme suit : « Dialogue et recherche de la Paix : Analyse pragmatique des stratégies argumentatives dans l’adresse des Chefs traditionnels du Sud à Monsieur Henri Konan Bédié. »
En effet, à l’approche des élections présidentielles de 2020, l’on observe des dissensions entre le Président de la République Monsieur Alassane Ouattara et Monsieur Henri Konan Bédié Président du PDCI-RDA. Cela se justifie d’autant plus que le deuxième qui militait dans la même formation politique (RHDP[1]) que le premier s’est senti obligé de se retirer avec une partie de ses militants de parti. Cette situation des plus inquiétantes a conduit les gardiens de la tradition africaine à offrir leurs bons offices en vue de rétablir le dialogue entre les deux hommes d’Etat en vue d’éviter au pays une seconde crise comme il l’a connu après les élections de 2010. En pareille situation, les parties au dialogue, notamment le négociateur, développe des arguments en vue de persuader son interlocuteur. Nous nous proposons d’analyser ceux développés par les Chefs traditionnels du grand Sud en vue d’emporter son adhésion.
La pragmatique linguistique ou intégrée nous servira de méthode d’analyse des textes[2] lus par le porte-parole des Chefs traditionnels et Monsieur Henri Konan Bédié lors de leurs échanges. Quant à cette pragmatique pour l’analyse argumentative, A. Ruth (2012, p.183) la caractérise comme celle « qui se soucie de l’orientation argumentative et de l’enchaînement des énoncés. »
Après une approche théorique sur les concepts fondamentaux de la problématique, il sera mis en lumière l’inscription de l’auditoire dans le discours en tant que stratégie argumentative et le délibératif comme discours de décision.
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MÉTAPHYSIQUE ET DIALECTIQUE COGNITIVE DE LA RAISON DANS LA THÉORIE DES TROIS ÉTATS D’AUGUSTE COMTE
Dr. KOUAKOU Kouassi Simplice
​Épistémologue et Historien des sciences,Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d’Ivoire)
RESUME
La théorie des trois états d’Auguste Comte se présente comme une analyse de l’évolution de la raison humaine dans son processus d’acquisition du savoir. Selon lui, cette intelligence humaine a évolué sur trois étapes à savoir : l’état théologique ou religieux, l’état métaphysique ou fictif et l'état scientifique ou positif. Loin d’observer une rupture étanche entre ces états, nous constatons des énoncés métaphysiques de par, une dialectique cognitive, dans chaque état et plus subtilement dans l’état scientifique. Cette démonstration de présence métaphysique en science est essentiellement fondée sur les derniers développements en philosophie des sciences notamment dans l’épistémologie poppérienne où nous notons la reconnaissance et la réhabilitation de la métaphysique en science.
Mots-clés
Autonomie cognitive, Dialectique Cognitive, État Métaphysique, État Scientifique, État Religieux, Métaphysique des sciences et Raison.
ABSTRACT
Auguste Comte's theory of the three states is presented as an analysis of the evolution of human reason in its process of acquiring knowledge. According to him, this human intelligence has evolved over three stages namely: the theological or religious state, the metaphysical or fictitious state and the scientific or positive state. Far from observing a watertight rupture between these states, we observe metaphysical statements by, a cognitive dialectic, in each state and more subtly in the scientific state. This demonstration of metaphysical presence in science is essentially based on the latest developments in the philosophy of science, particularly in Popperian epistemology, where we note the recognition and rehabilitation of metaphysics in science.
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Keywords
Cognitive autonomy, Cognitive dialectic, Metaphysical state, Scientific state, Religious state, Metaphysics of science and Reason.
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INTRODUCTION
Auguste Comte est un philosophe français multidimensionnel, sa pensée a concerné la philosophie des sciences, la sociologie et la connaissance en général. Son leitmotiv ou l’épine dorsale qui structure toute sa pensée est l’esprit positif. Cet esprit positif, né du positivisme, a un contexte très spécifique et très marquant dans l’histoire des sciences. Emprunter chez St. Simon, Comte, en effet, a reconceptualisé le concept de Positivisme pour l’introduire en science. Mais force est de remarquer, que cette introduction s’est effectuée sur fond de discorde, précisément sur un antagonisme épistémologique antimétaphysique. Pour Comte, la métaphysique représente non seulement un obstacle épistémologique, mais elle correspond à l’état de l’enfance de l’homme. Au regard de cette dévaluation par Auguste Comte de la métaphysique, il nous semble judicieux de faire part des récents développements entre la métaphysique et la science. De ces développements, il apparait que la métaphysique et la science sont intimement liées dans une sorte de dialectique cognitive. De ce fait, à l’examen de la pensée comtienne, il nous apparait en toile de fond des aspects métaphysiques qui parsèment l’épistémologie comtienne. Dès lors, ne pouvons-nous pas poser l’hypothèse générale suivante : l’épistémologie comtienne ne serait-elle pas truffée de métaphysique ? Autrement dit, la métaphysique n’est-elle pas présente dans l’épistémologie d’Auguste Comte et plus précisément dans sa célèbre théorie des trois états ?
La thèse que nous défendons dans ce présent texte est celle selon laquelle : il y a une présence métaphysique et une émancipation cognitive de la raison dans la théorie des trois états comtiens. Pour atteindre cet objectif, nous utiliserons la méthode explicative, démonstrative, et dialectique. D’abord nous exposerons la théorie des trois états d’Auguste Comte. Ensuite nous éluciderons les aspects métaphysiques dans chaque état comtien, au regard des récents développements en métaphysique des sciences notamment des travaux de l’épistémologue Karl Popper. Enfin, nous montrerons l’émancipation et la dialectique cognitive de la raison qui structure les trois états comtiens.
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LA FEMME ET LA QUESTION DU POUVOIR AU PRISME DU PHILOSOPHER MACHIAVÉLIEN
Chantal PALÉ épouse KOUTOUAN
​Département de Philosophie, Université Alassane Ouattara – Bouaké
RESUME
La société politique contemporaine promeut la visibilité de la femme dans la sphère publique. Celleci n’est plus, pour ainsi dire, confinée aux travaux de production et d’entretien au sein des ménages. Tout comme l’homo faber27 , elle peut exercer une profession, gérer un État. Cette gestion mixte du pouvoir va de pair avec la sécularisation de la politique, à partir de N. Machiavel. La politique, par-delà les pesanteurs morales et religieuses, est le propre de la personne rationnelle : le prince, le peuple, l’être aux qualités d’exception. L’obstination de Machiavel à discerner le dirigeant politique habile et charismatique du lâche et efféminé n’implique pas forcément qu’il dédaigne les compétences féminines dignes d’une bonne gestion du pouvoir. D’ailleurs, cet article vise à démontrer que la ‘‘Realpolitik’’ machiavélienne, militante d’une « dé-féminisation » ou « dé-femellisation » 28 du politique, est un phallocentrisme qui doit inspirer la compétence féminine indépendamment des stéréotypes.
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Mots-clés
État, Femme, Fortuna, Phallocentrisme, Pouvoir, Virtù.
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ABSTRACT
Contemporary political society promotes the visibility of women in the public sphere. It is no longer, so to speak, confined to production and maintenance work within households. Like homo faber, she can practice a profession, manage a state. This mixed management of power goes hand in hand with the secularization of politics, starting with N. Machiavelli. Politics, beyond moral and religious burdens, is the own of the rational person: the prince, the people, the being with exceptional qualities. Machiavelli's persistence in discerning the skilful and charismatic political leader from the cowardly and effeminate does not necessarily imply that he disdains the feminine skills worthy of good power management. Moreover, this article aims to demonstrate that the Machiavellian "Realpolitik", an advocate of a "de-feminization" or "de-femellisation" of politics, is a phallocentrism that must inspire female competence regardless of stereotypes.
Keywords
State, Woman, Fortuna, Phallocentrism, Power, Virtù.
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INTRODUCTION
Nicolas Machiavel impute la responsabilité de la crise politique italienne de la Renaissance à ses princes inconséquents. Il fera alors l’apologie d’une réflexion pour l’émancipation, portant essentiellement sur les conditions d’une bonne gestion du pouvoir politique en Italie. Pour conquérir le pouvoir et le conserver durablement, le Florentin estime que le prince doit être courageux et habile, de sorte à maîtriser les circonstances. Il ne doit point faire l’économie de la violence, quitte à réussir à déjouer tous les pièges qui parsèment les voies de son succès politique. Car, le succès, pense-t-il, « excuse les moyens usités, quelque exécrables qu’ils aient été » (N. Machiavel, 1952, p. 405). Ainsi, le gouvernant est appelé au discernement dans ses rapports à la fortune. Comparable à la femme, cette force surnaturelle et hasardeuse a des caprices que le dirigeant vaillant et incirconspect sait dompter. « Je pense assurément ceci : qu’il vaut mieux être impétueux que circonspect, car la fortune est femme ; et il est nécessaire, si on veut la soumettre, de la battre » (N. Machiavel, 2019, p.111). Le dirigeant ne doit pas agir avec un air efféminé, pour ne pas paraître faible, inclément et insouciant comme la femme. De cet argument procède l’idée d’un Machiavel antiféministe, misogyne, foncièrement méprisant à l’égard de la femme. Il semble alors consentir à la philosophie selon laquelle la femme reste une personne naturellement diminuée, moins intelligente, imprévoyante et carrément incompétente pour gérer un État. Cette philosophie machiste, confrontant durablement la femme à des obstacles systémiques, tant sur les plans professionnels que dans la société, en général, se dissolve progressivement avec les politiques et les démocraties modernes. Respectueuses des exigences des mouvements de défense des droits de la femme, celles-ci posent la problématique en termes d’égalité de droits. En conséquence, les talents et les droits de la femme sont de plus en plus reconnus dans plusieurs sociétés contemporaines. Elle n’est plus jugée inférieure ou seulement complémentaire à l’homme. Cette nouvelle image de la femme, objet d’actualité, est abordée furtivement par le florentin dans son décryptage des questions du pouvoir politique. Le philosopher machiavélien, ne signifie rien de moins que la manière dont Machiavel conduit sa réflexion critique sur le monde. Cherchant à ressortir l’aspect de sa pensée en rapport avec la femme, un aspect qui reste encore peu vulgarisé, nous employons l’expression « au prisme », rappelant l’instrument d’optique de forme polyédrique en sciences physiques. Le prisme permet de réfracter et de décomposer la lumière. A partir de l’intitulé, « la femme et la question du pouvoir, au prisme du philosopher machiavélien », il s’agira de mener notre intellection en montrant comment la question de la femme et le pouvoir peut s’interpréter à la lumière de la pensée polysémique de Machiavel. Machiavel est fidèle à l’esprit humaniste de la Renaissance qui prône l’autonomie de l’individu. Il estime, cependant, que la femme est moins disposée à diriger eu égard à son inappétence et à son inclémence qui lui font agir incidemment. Aristote la percevait déjà ainsi dans ses histoires naturelles, où il la décrivait comme un être qui a pitié ; très émotive, elle cède facilement à l’envie, la plainte, l’injure…c’est un être de peu d’ambition, peu digne de confiance. À partir de ces jugements, et surtout de son expérience personnelle, Machiavel, pense que la femme manque des qualités nécessaires pour la gestion des affaires publiques. Il l’assimile donc à la fortune dont il conseille de se méfier au risque d’échouer en politique. Pour le florentin, l’usage de la force et de la ruse contribuent à la réussite de la gestion politique. Il estime que l’être de sexe masculin est plus disposé à développer ces ‘‘qualités politiques’’. La femme, sous le joug des passions serviles, en est incapable. C’est à croire que l’être indépendant pour Machiavel est le sujet de genre masculin. À l’analyse, la pensée de Machiavel distinguant le prototype du dirigeant exemplaire, le prince libérateur, est fondamentalement orientée vers le bien-être de la cité. Même s’il considère que la femme est indigne d’honneur, sa philosophie est riche en pédagogie du pouvoir politique. La question essentielle est alors de savoir, comment sa philosophie peut devenir un catalyseur de la gouvernance féminine. Précisément, la femme leader politique peut-elle s’inventer à partir du philosopher machiavélien ? Il s’agira de démontrer que le penser Machiavélien, héritier de la misogynie, comporte des germes pour refuser l’enfermement dans la féminisation ou « femellisation » 29 psychologique. L’efficacité politique qu’il promeut, implique le goût pour la compétence et peut par conséquent inspirer la femme au leadership politique. Cette problématique sera analysée à travers une combinaison des approches historique, critique et herméneutique structurée par trois grandes articulations. (1) Du sens de la misogyne machiavélienne comme héritage historique ; (2) Du phallocentrisme machiavélien : entre refus de l’ensorcellement et de la « femellisation » de l’action politique. (3) L’efficacité politique : une affaire de compétence par-delà les stéréotypes.
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DISCOURS IDENTITAIRE ET NÉCESSITÉ D’UNE COHÉSION SOCIALE RÉUSSIE EN CÔTE D’IVOIRE
Jean-Hervé WOBE
Université Alassane OUATTARA
TOURE Awa
​Université Félix-Houphouët Boigny
RESUME
De la colonie française à un Etat indépendant en 1960 jusqu’aujourd’hui, la Côte d’Ivoire au plan politique a connu diverses fortunes. Elle a d’abord connu quarante années de gouvernance du parti unique le PDCI RDA. L’identification de la population à cette époque avait un seul enjeu, celui des statistiques de développement du pays .Le discours identitaire n’avait pas sa raison d’être car, la vision politique du père de la nation était en phase avec les populations ivoiriennes .Avec l’avènement de la chute du mur de Berlin en 1989, le vent du multipartisme va souffler sur le continent noir et particulièrement en Côte d’Ivoire en 1990 .Ainsi, la pluralité des candidatures pour la course au pouvoir va engendrer un intérêt pernicieux dans le cadre de l’identification des populations pour les échéances électorales .Dans cet article ,nous essayons de comprendre les contours du discours sur le sens de l’identité ivoirienne selon les acteurs politiques et la société civile afin d’ aboutir à une signification consensuelle gage d’une cohésion sociale réussie en Côte d’Ivoire.
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Mots-clés
Discours, Identité, Signification, Cohésion sociale, Côte d’Ivoire
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ABSTRACT
From a French colony to an independent state in 1960 until today, the Ivory Coast has enjoyed varying degrees of political success. It first experienced forty years of governance of the one party PDCI RDA. The identification of the population at that time had only one stake, that of the country's development statistics. The identity discourse had no reason to exist because, the political vision of the father of the nation was in phase with the populations. With the advent of the fall of the Berlin Wall in 1989, the wind of multipartyism will blow on the black continent and particularly in Côte d'Ivoire in 1990. Thus, the plurality of candidates for the race for power will generate a pernicious interest in the context of the identification of populations for electoral deadlines. In this article, we try to understand the contours of the discourse on the meaning of Ivorian identity according to political actors and civil society in order to achieve a consensual meaning pledge of successful social cohesion in Côte d'Ivoire.
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Keywords
Discourse, Identity, Meaning, Social cohesion, Côte d'Ivoire
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INTRODUCTION
Dans son cheminement pour le développement, la Côte d’Ivoire a connu diverses fortunes. Héritière de la culture du café et du cacao, avec l’appui de la main d’œuvre venue du Mali, de la haute volta aujourd’hui Burkina Faso, de la Guinée etc. :« Le pays étant très faiblement peuplé en 1960 (2 millions d’habitants contre 24 millions aujourd’hui), le gouvernement va faire appel massivement à l’immigration ce qui aura un impact notable sur le futur du pays » (Jean ROQUAIN , 2016).
.La Côte d’Ivoire est devenue l’eldorado de la décennie des années 1970 et 1980 grâce au miracle ivoirien dans la sous-région ouest africaine :
« La Côte d’Ivoire connut à son indépendance une période de forte croissance économique et de stabilité politique que la postérité a retenue comme un « miracle » ivoirien. Cette croissance tirait son origine de plusieurs spécificités de la société ivoirienne, notamment des cultures de rentes créées sous le pouvoir colonial français (Cacao, café) ». (Jean ROQUAIN, 2016).
Mais la chute brutale et drastique du prix de ses matières premières va impacter sévèrement l’économie dans tous les secteurs d’activités ainsi que toutes les couches sociales de la population ivoirienne. Au plan politique, l’écroulement du mur de Berlin en 1989 va briser le monopole du parti unique en 1990 après quarante années au pouvoir du PDCI RDA. Dans un tel contexte, la liberté d’expression, d’opinion, la pluralité des candidatures pour la course au pouvoir, la pratique de la communication politique sont autant de prémices qui vont donner naissance à une volonté politique et populaire de focalisation et de prise de conscience sur l’identité ivoirienne dans le cadre des échéances électorales .Cette nouvelle réalité va engendrer un discours pernicieux sur l’identité ivoirienne et une controverse sans précédent .Des lors , Pourquoi cette notion de l’identité ivoirienne est l’objet d’une controverse qui impacte négativement et gravement la cohésion sociale en Côte d’Ivoire ? Quelles sont les raisons profondes qui sou tendent la dégradation de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire ? Quelles approches scientifiques pour une identité ivoirienne consensuelle gage d’une cohésion sociale réussie en Côte d’Ivoire ?
Nous ferons appel dans cet article à la théorie politique en histoire, à la théorie de l'analyse du discours et aux différentes théories éthiques pour atteindre notre objectif. Concernant la première théorie, Voegelin estime que l’homme n’attend pas de la science qu’elle lui explique sa vie. Pour lui, quand le théoricien s’empare de la réalité sociale, il trouve le terrain déjà occupé par une auto-interprétation « commune de la société. Fidèle à la science politique aristotélicienne, l’épistémè politikè, Voegelin pense que celle-ci doit prendre appui sur le riche corpus de l’auto-interprétation d’une société, pour procéder à l’élucidation critique des symboles sociaux qui lui préexistent. Dans sa perspective, le théoricien en sciences politiques se trouve confronté à deux séries de symboles : les symboles linguistiques qui font partie du cos-mion social, au cours de son auto-élucidation, et ceux de la science politique. Ces deux séries sont liées l’une à l’autre. Dans l’élucidation critique, certains symboles de la réalité sont abandonnés, jugés sans pertinence pour l’économie de la science politique. Inversement, de nouveaux symboles seront développés dans la théorie pour décrire de manière adéquate les symboles qui font partie de la réalité. (Bernard Reber,2001). La seconde théorie estime que l’analyse distributionnelle à l’intérieur d’un seul discours, considéré individuellement, fournit des renseignements sur certaines corrélations entre la langue et d'autres formes de comportement. La raison en est que chaque discours suivi est produit dans une situation précise – qu’il s’agisse d’une personne qui parle, ou d’une conversation, ou de quelqu'un qui se met de temps en temps à son bureau pendant un certain nombre de mois pour écrire un type défini de livres dans une certaine tradition, littéraire ou scientifique. (Harris 1952 / 1969 : 11). La troisième théorie fait état des approches éthiques. L’éthique est l’analyse des raisons pour lesquelles nous devrions agir de certaines façons plutôt que d’autres. Il existe de nombreuses théories éthiques, qui appellent à différentes actions en se basant sur des arguments différents. Les théories éthiques les plus largement acceptées sont le conséquentialisme qui stipule que certaines choses, actions, situations, etc., sont bonnes ou bien meilleures que d’autres, et affirme que nous devrions agir pour faire en sorte qu’elles se produisent. Ainsi, nous devons agir pour provoquer des situations meilleures. Si l’on pense que le monde serait meilleur s’il offrait un maximum de bonheur et d’égalité, alors nous voudrions agir dans le sens d’accroitre le bonheur et l’égalité. Concernant la déontologie, elle affirme que certaines actions sont interdites et d’autres sont nécessaires, quelles que soient les conséquences qui en découlent. Supposons qu’en racontant un mensonge nous pourrions faire en sorte que plus aucun mensonge ne soit jamais dit. Selon la déontologie, le premier mensonge ne devrait pas être dit car mentir est interdit.
Les vues déontologiques peuvent prendre de nombreuses formes. Certaines concernent des actions que nous ne devrions pas effectuer. Certains affirment que nous ne devrions pas tuer, d’autres que nous ne devrions pas mentir, d’autres encore que nous ne devrions pas rompre nos promesses, etc. D’autres vues concernent des actions que nous devrions mener à bien. Certains prétendent que nous devrions aider à améliorer la vie des autres, que nous devrions nous efforcer de protéger les autres de la souffrance, ou bien que nous devrions suivre les règles d’étiquette, etc. L’éthique de la vertu suppose que ce qui compte le plus ne sont pas les mesures concrètes que nous devrions ou non mener à bien, mais plutôt de développer ce que nous considérons un caractère moral bon ou vertueux. Ces points de vue affirment que pour savoir comment agir nous devons nous demander comment une personne vertueuse agirait plutôt que d’agir en vue du meilleur résultat dans une situation donnée, ou de tenir compte d’exigences morales ou d’interdictions. En pratique, cependant, ce point de vue peut recommander les mêmes actions que les deux théories précédentes(.https://www.animal-ethics.org/differentes-theories-ethiques/.) Dans un premier temps nous montrerons les raisons profondes de la dégradation de la cohésion sociale en Côte d’ivoire. Dans un deuxième temps, nous présenterons, interpréterons et l’analyserons les données de l’enquête. Enfin dans un troisième temps, nous ferons des propositions afin d’aboutir à une identité ivoirienne consensuelle pour une cohésion sociale réussie.
MONDIALISATION ET IDENTITÉ NATIONALE DES ÉTATS AFRICAINS
DAHE Youldé Stéphane
​Université Alassane Ouattara
RESUME
Le concept d’identité, pour le moins qu’on puisse dire, est indispensable et souvent imbibé de confusion et ne cesse de l’être lorsqu’il est contextualisé et se rattache à la culture qui assure son unité. La fin prédominante de toute nation réside dans sa consolidation et sa cohésion en admettant que l’identité n’est pas une donnée historique qui peut se construire, se déconstruire et se reconstruire au gré des conjonctures politiques, économiques, sociales, locales ou régionales, comme le soutiennent les partisans de la mondialisation. Pour ces derniers, la mondialisation est le niveau élevé de toute sociabilisation où la question des considérations nationales disparait pour faire de la place à la globalisation locale, régionale et internationale. Il y a lieu d’en débattre étant donné que l’identité nationale est importante, intrinsèquement liée à la nation qui donne sens à notre existence. L’identité nationale doit être, non seulement un concept de choix, mais devenir un bien primordial.
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Mots-clés
Mondialisation – Identité – Déconstruction – Nation – Identité nationale – souveraineté – citoyenneté.
ABSTRACT
The concept of identity, to put it mildly, is indispensable and often imbued with confusion and continues to be so when it is contextualized and tied to the culture that provides its unity. The predominant end of any nation lies in its consolidation and cohesion by admitting that identity is not a historical datum that can be built, deconstructed and rebuilt according to political, economic, social, local or regional circumstances, as proponents of globalization argue. For the latter, globalization is the high level of any socialization where the question of national considerations disappears to make room for local, regional and international globalization. This needs to be debated since national identity is important, intrinsically linked to the nation that gives meaning to our existence. National identity must be, not only a concept of choice, but become a primordial good.
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Keywords
Globalization - Identity - Deconstruction - Nation - National identity - Sovereignty - Citizenship.
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INTRODUCTION
La question de l’identité constitue, depuis des siècles, une question épineuse et récurrente au sein des nations. Ces préoccupations remontent à la genèse de l’homme. En effet, l’homme après avoir nommé tous les êtres vivants, ne trouva pas son semblable. (Genèse chapitre. 1). Cette situation triste qui pose déjà la question de l’identité de l’homme à travers son semblable, amène Dieu à juger de la nécessité de lui créer une aide semblable. Il affirme en ces termes : « il n’est Pa bon que l’homme soit seul : je lui ferai une aide semblable à lui » (Gene. 2v18). De là, se dégage le caractère indispensable de l’identité, faisant de l’homme le seul être pouvant se permettre la saisie d’un phénomène qui recouvre des aspirations et des revendications fondamentales, multiformes mais similaires. (S. Abou, 2009, p. 14). La défense de l’identité s’impose; invitant chaque individu, chaque peuple à savoir d’abord qui il est et ensuite rester soi. Cela lui permettra de marquer ainsi sa différence vis-à-vis de l’autre, son adversaire, qu’il soit virtuel ou réel. Cette aspiration à rester soi-même ne découle-t-elle pas de cette interrogation : Qui sommes-nous ? Depuis toujours et plus intensément aujourd’hui, cette question est celle que se posent de plus en plus toutes les communautés du monde face à la mondialisation qui semble avoir transmué et biaisé par ses considérations les identités nationales, culturelles, politiques et économiques. La défense de l’identité ou de sa spécificité s’avère donc nécessaire et les revendications identitaires, une réaction contre les effets perturbateurs de la mondialisation. Pour Martine Storti et Jacques Tarnéro, (1985, p. 16), « la quête d’identité est l’ultime figure qui donne du sens, occupant la place vide laissée par la religion, l’idéologie, la politique ». La crise que traversent les identités dans le monde en général mais en Afrique en particulier, est en partie tributaire des humanités dont elles se réclament. Mais pour Selim Abou, cette crise des identités relève des effets pervers de la mondialisation, contrôlée par les États-Unis et l’Europe, dont le but est d’exercer sur le reste du monde leur hégémonie en tant que « les champions de la science, de la technologie et les promoteurs privilégiés de la modernité et de la mondialisation » (S. Abou, 2009, p. 20.). C’est donc face à cette crise qui n’épargne ni les États africains, ni les États asiatiques que nous nous proposons de mener cette réflexion portant sur le sens à donner aux identités nationales des États Africains à l’ère de la mondialisation. En d’autres termes, peut-on rester soi-même dans un monde de mondialisation, de globalisation, où tout semble se fondre dans le particulier? Mais où la lutte pour la reconnaissance de soi est engagée ? Si nous percevons le particulier comme un principe ou un idéal moral, il y a lieu de relever comment ce particulier peut rester soi et vivre avec les autres sans se renier. Dans les pays en développement, la mondialisation suscite un sentiment de perte d’autonomie et de souveraineté. Elle se présente comme le synonyme d’un monde en dérive. Face donc à ce mécontentement suscité par la mondialisation, ne serait-il pas judicieux d’envisager une éventuelle redéfinition des identités nationales, notamment, de celles des États africains, face à la mondialisation souvent associée à un élargissement des frontières, des sphères privées, publiques et le libéralisme économique, prenant en compte la suppression des barrières économiques, politiques, commerciales et culturelles parfois militaires et diplomatiques? La particularité de ce thème tient en ce qu’il mettra en exergue le phénomène de la déconstruction ou de la transmutation des identités nationales face à la mondialisation. Le rapport entre ces deux notions de la philosophie politique a certes été contradictoire ou controversé, mais il s’agira de voir au-delà de leurs oppositions, une éventuelle complémentarité constructive d’une identité vraie. Cela dit, quel est l’enjeu de la mondialisation ou de la globalisation ? Qu’est-ce qui doit constituer notre spécificité, notre personnalité ou notre originalité face à la mondialisation ? Comment construire ou reconstruire les identités nationales déconstruites dans un monde où la mondialisation et la globalisation semblent irréversibles ?
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LE GABON FACE AUX ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT DURABLE : COMMENT CONCILIER LES NÉCÉSSITÉS ÉCONOMIQUES ET LE IMPÉRATIFS ÉCOLOGIQUES?
Dr Anicet Mboumba
​Attaché de Recherche à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines
RESUME
Le Gabon est, depuis quelques années, confronté aux limites de son modèle économique. Le pays, couvert à 85 % par la forêt, a basé son processus de développement sur l’exploitation du bois, avant de s’orienter vers l’extraction du pétrole et des mines (manganèse et uranium) à partir des années 1970. Les recettes budgétaires engrangées lui ont permis de se hisser parmi les pays les plus riches du continent en PIB/habitant. Mais, depuis les années 1990, la baisse drastique des recettes budgétaires, consécutive à l’épuisement progressif d’une partie des réserves pétrolières et minières, pousse le pays à repenser son modèle économique. Toutefois, les réformes anciennes et récentes, menées dans le but d’orienter le pays vers une gestion durable de ses ressources naturelles, peinent à établir un équilibre satisfaisant entre les nécessités économiques et les impératifs écologiques. Ceci est vrai dans le cadre de la stratégie de développement durable lancée en 2009. Par conséquent, si les efforts de préservation des écosystèmes forestiers sont visibles, la volonté de rationaliser les ressources minières et pétrolières apparaît plus timide. En définitive, concilier les piliers économiques et écologiques du développement durable s’avère délicat pour le Gabon.
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Mots-clés
Gabon, Croissance économique, Ressources naturelles, Développement Durable.
ABSTRACT
Gabon is facing the limits of its economic model today. The country, 85% covered by forests, first based its development process on logging, before moving resolutely towards the extraction of oil and mines from the 1970s. The budgetary revenues thus garnered enabled it to rise among the richest countries on the continent. But since the 1990s, the drastic drop in budgetary revenues, following in the gradual exhaustion of part of the oil and mining reserves, pushes the country to rethink its economic model. However, old and recent reforms, envisaged with the aim of orienting the country towards a sustainable management of its natural resources, are struggling to establish a satisfactory balance between economic necessities and ecological imperatives. Therefore, efforts to preserve forests ecosystems are visible today, but the desire to rationalize use of mining and oil is less visible. Ultimately, reconciling the economic and ecological pillars of sustainable development is proving difficult in Gabon
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Keywords
Gabon, Economic growth, Natural resources, Sustainable development
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INTRODUCTION
Aujourd’hui, la production industrielle des biens et services est le moteur du développement économique. La réussite de ce modèle dans les pays du nord a suscité le rêve d’un développement à l’Occidental dans tous les pays du sud. Et pourtant, ce modèle montre de plus en plus ses limites sur le plan écologique : la surconsommation des ressources naturelles, les pollutions et catastrophes diverses génèrent des craintes quant à la dégradation de l’environnement et à la survie de l’humanité (Y. Paccalet, 2006). La protection de l’environnement devient alors un enjeu fondamental pour l’avenir des sociétés humaines et met tous les pays, le Gabon y compris, devant un dilemme, celui de concilier croissance économique et préservation de l’environnement. Ce dilemme est aujourd’hui renforcé à la fois par les discours alarmistes sur l’état de la planète et par les conférences internationales consacrées aux questions climatiques et environnementales. Au nord comme au sud, le développement durable devient le nouveau cadre conceptuel à partir duquel s’élaborent toutes les politiques publiques.
Dans ce contexte, les pays du sud, en retard de développement, doivent répondre simultanément au défi économique et écologique. Pour cela, ils doivent accroître leur production de richesses, afin de réduire la pauvreté, d’une part et maîtriser l’impact de leurs activités économiques sur l’environnement d’autre part. Répondre au même moment à ces défis est-il possible pour des pays qui peinent encore à gagner la bataille du développement ? Face aux injonctions de la communauté internationale, ces pays ne peuvent plus se focaliser sur les questions économiques et se soustraire à l’obligation écologique sous peine d’être accusés de détruire la planète, le « bien commun de l’humanité ». Le problème est de savoir comment mettre en place des politiques ambitieuses de protection de l’environnement, tout en poursuivant les objectifs de croissance économique ? De ce point de vue, le Gabon nous offre un terrain d’étude intéressant.
En effet, le Gabon a bâti son économie sur l’exploitation des ressources naturelles telles que le bois, le pétrole, le manganèse, l’uranium, etc. Son président actuel, Ali Bongo Ondimba, a renforcé cette stratégie en 2009, en faisant de l’exploitation de ces matières premières le principal pilier de sa politique économique. Le but visé est celui de « hisser le Gabon au rang de pays émergent à l’horizon 2025 » (PGSE, 2011). Dans le même temps, il a fait de la protection de la nature un axe majeur de son projet politique, dans un pays couvert à 85 % par la forêt (A. Richard, P. Léonard, 1993). Face aux choix opérés sur le plan économique, les discours sur la protection de l’environnement ne relèvent-ils pas d’un simple effet de mode ? En d’autres termes, les ambitions affichées ont-elles débouché sur la mise en œuvre de véritables politiques de protection de l’environnement ? Quelles sont les conditions de conciliation du double enjeu économique et écologique ?
Pour aborder ces questions, l’analyse des choix économiques du Gabon s’est avérée indispensable. Celle-ci a été menée à partir de l’étude des données officielles et des travaux scientifiques. Elle a été complétée par une analyse du contexte écologique et des politiques de protection de l’environnement. Dans ce texte, nous présenterons les enjeux économiques et écologiques du Gabon, avant de tracer les traits des politiques environnementales, entendues comme un ensemble de principes, de programmes et de projets établissant le cadre des actions de la puissance publique en matière de protection de l’environnement (Z. Laky, 2019).
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