

PLAN
VOLUME INTÉGRAL
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Gaoussou OUEDRAOGO
De la boétie et l'engagement politique citoyen pour la liberté
Université Joseph ki-Zerbo, Burkina Faso
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Bi Gooré Marcellin GALA et Ange Allassane KONÉ
Les noces de la politique et de la religion dans le platonisme : un plaidoyer pour l'ennoblissement de la politique contemporaine
Université Alassane Ouattara (Bouaké – Côte d’Ivoire)
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Koffi Zahouo Alain et Coulibaly Tohotonga
Penser le développement africain à partir de la traduction radicale de Willard Van Orman Quine.
UFHB Côte d’Ivoire
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Pancrace AKA
Révolution numérique et révolution astronomique
Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
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Angaman Kadio Mathieu
La prospérité d’un peuple amputé : la recherche scientifique, fondement du développement de l’Afrique noire.
Université Alassane Ouattara
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TIENE Baboua
Re-enchanter l’altérité extrahumaine pour une ré-modélisation de l’éducation en Côte d’Ivoire
Université Félix Houphouët-Boigny
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Jean-Hervé WOBE
L’agriculture numérique en Côte d’Ivoire : la voie d’une alternative du développement agricole ?
Université Alassane Ouattara
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YEO Zié Seydou
Penser la valeur performative de l’éducation face à la crise de l’école ivoirienne
Université Félix Houphouët-Boigny
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Amara Salifou
Philosophie des médias chez Marcuse et journalisme de développement en Afrique
Université Alassane Ouattara​​
RÉSUMÉ
Djaka, Revue Internationale de Sciences Humaines (RISH) fait signe à tous les chercheurs de haut niveau, soucieux de la nécessité de partager des postures authentiques. Elle est indépendante de toute institution académique, malgré les évidents partenariats qu’elle tisse avec de nombreux espaces de savoir. Par ailleurs, Djaka (RISH) est respectueuse des pairs qui l’honorent en la choisissant comme outil de diffusion de leurs travaux. Un respect manifeste dans les évaluations et la promptitude des échanges. Une équipe dynamique instruite aux réflexes et objectifs fondamentaux est à l’œuvre pour tout fluidifier. Un accent particulier est mis sur la maîtrise de la langue et la structuration franche des problématiques. Les énonciations discursives doivent à toutes les strates en être irriguées ; la consistance espérée y incline. La sélection des articles n’est orchestrée par aucune forme d’ostracisme ou autres semblables, les strictes consignes et la grille d’évaluation officielle en exhibent la réalité.
RÉSUMÉS ET INTRODUCTIONS
De la boétie et l'engagement politique citoyen pour la liberté
Gaoussou OUEDRAOGO
Université Joseph ki-Zerbo
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RÉSUMÉ
L’expression servitude volontaire est un oxymore par le biais duquel, La Boétie exprime l’anomalie et l’énigme du piège politique – consenti et enduré – dans lequel des hommes, contre la nature et contre l’humanité, collaborent à la tyrannie qui les opprime. Le Discours de la servitude volontaire inspiré par l’humanisme postmédiéval fait prévaloir les idées monarchomaques de l’auteur. Le factum peut aussi être tenu, dans l’histoire des idées politiques, comme une propédeutique, posant des postulats, des prolégomènes à l’engagement politique de tout homme, de tout peuple, aspirant à la liberté.
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MOTS-CLÉS
désobéissance, humanisme, liberté, servitude volontaire, tyrannie.
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ABSTRACT
The voluntary servitude is an oxymoron through which La Boetie expresses the anomaly and the enigma of the political trap - made and endured - in which men against nature and against humanity, are collaborating on the tyranny that oppresses them. The Discourse on voluntary servitude inspired by post-medieval humanism makes prevail the monarchomaque ideas of the author. The factum can also held, in the history of political ideas, as a propaedeutics, laying down postulates, prolegomena for the political commitment of every man, of all people, aspiring to freedom.
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KEYWORDS
disobedience, humanism, freedom, voluntary servitude, tyranny.
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INTRODUCTION
Il est un constat politique que la plupart des peuples des États modernes du monde ont souvent fait preuve de léthargie, d’inaction face à l’arbitraire et à l’oppression des dictatures liberticides qui les gouvernent. C’est ce paradoxe de la soumission volontaire, du sommeil politique, de la souffrance silencieuse endurée que, depuis l’âge de la Renaissance humaniste, l’opuscule politique de La Boétie dénonce, avec une véhémence littéraire et une audace politique inédite. Se résigner et participer à la tyrannie oppressive d’un seul est la pire dénaturation de l’humanité. La servitude volontaire est l’indicible, l’innommable politique dont La Boétie veut comprendre le mécanisme générateur. La nature humaine est-elle compatible avec cette condition d’esclavage politique volontaire ? Quelle inspiration La Boétie tire-t-il de l’humanisme postmédiéval pour penser et résorber cette pathologie politique extrême ? Le Discours de la servitude volontaire, de par son audace critique, son ton novateur, ne prélude-t-il pas les pensées politiques ultérieures engagées dans la défense des droits inaliénables de l’homme et des peuples pour la liberté citoyenne ? Ces interrogations constituent l’orientation essentielle de l’étude en cours qui débute par l’examen de l’humanisme antimonarchiste du Discours et s’achève par celui de l’idée que la prose la boétienne constitue des prolégomènes à toute pensée politique ultérieure revendicative des droits et libertés citoyens.
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LES NOCES DE LA POLITIQUE ET DE LA RELIGION DANS LE PLATONISME : UN PLAIDOYER POUR L’ENNOBLISSEMENT DE LA POLITIQUE CONTEMPORAINE
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Bi Gooré Marcellin GALA
et
Ange Allassane KONÉ
Université Alassane Ouattara
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RÉSUMÉ
Une certaine approche superficielle de la philosophie platonicienne laisse croire que la politique et la religion sont deux domaines indépendants voire opposables. Dans ce sens, l’excellente gestion gouvernementale s’établirait donc sur fonds de sortie de l’arène religieuse et en dehors du secours divin. Cependant, l’analyse profonde de l’essence des lois sociales et la gestion des affaires publiques développées par le philosophe, n’admettent guère l’adresse d’une lettre de congédiement au spectre du divin et à la sphère religieuse. Cette conviction platonicienne partagée doit d’ailleurs être préconisée dans l’expression adéquate de la politique contemporaine. C’est en ce sens que l’humanité parviendra à résorber les crises actuelles, à développer une justice sociale, une responsabilité éthique et une solidarité mondiale, valorisant l’urgence de l’aide contre l’inertie de la réponse institutionnelle actuelle.
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Mots-clés
Dieu – Humanité – Morale – Philosophe-roi – Politique – Religion – Société.
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ABSTRACT
A certain superficial approach to Platonic philosophy suggests that politics and religion are two independent or even opposable domains. In this sense, the excellent management of government would therefore be established on the basis of leaving the religious arena and outside the divine aid. However, the profound analysis of the essence of social laws and the management of public affairs developed by the philosopher, hardly admit the address of a letter of dismissal to the spectre of the divine and to the religious sphere. This shared Platonic conviction must also be advocated in the proper expression of contemporary politics. It is in this sense that humanity will succeed in resolving the current crises, in developing social justice, ethical responsibility and global solidarity, valuing the urgency of aid against the inertia of the current institutional response.
Keywords
God – Humanity – Morality – Philosopher-king – Politics – Religion – Society.
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INTRODUCTION
Une lecture philosophique de la marche de nos sociétés contemporaines décrit que l’activisme religieux paraît proclamer la mort de la laïcité et de la politique comme certains philosophes avaient proclamé la mort de Dieu9 . Aujourd’hui l’inspiration laïque, qui se nourrit d’un processus de désenchantement du monde, place le domaine politique et le domaine religieux en situation d’exclusion mutuelle. Ce faisant, l’âge moderne conduit à poser ces deux réalités comme fondamentalement antithétiques, et donc n’entretenant pas de relations dialectiques. Une certaine interprétation du platonisme semble s’accorder avec ce principe laïc répudiant la pensée d’une gestion sociétale tributaire d’un au-delà sacré10. De fait, l’une des invitations possibles pour aborder la philosophie platonicienne consiste à avoir à l’esprit le souci de la politique, comme gestion idéale de la cité, a priori fondée sur l’exercice de la pure raison. Cela laisserait, par conséquent, bien penser que, suivant Platon, la politique relèverait fondamentalement d’une affaire purement humaine, et que Dieu et la religion n’y prennent plus part. Cette situation se justifierait par le fait que les dieux se soient retirés de la gouvernance des cités au profit des humains11. Dans ce contexte, l’art politique se voit élevé à la dignité d’une science appréhendable et praticable tout uniment par la raison humaine12. C’est dire que le secours divin n’est donc pas nécessaire pour organiser judicieusement la société des hommes. Cependant, une incursion plus sérieuse dans le platonisme politique du Protagoras laisse apparaître que « tout est plein de dieux » (Platon, 2011, 899b). Et que derrière le devenir, se dévoile l’ordre immuable et divin sans lequel il semble impossible de se gouverner soi-même et diriger la cité. Dans ce contexte, quel rapport conviendrait-il exactement d’établir entre la politique et la religion dans la cognition platonicienne ? Plus précisément, la séparation dichotomique et manichéenne entre le domaine politique et la sphère religieuse est-elle possible sans heurts et malheurs dans ce contexte ? Cette préoccupation centrale fait suite au questionnement suivant : l’autonomie supposée, de ces deux domaines, pressentie dans le platonisme, n’est-elle pas qu’apparente ? Mieux dit, le jeu politique, chez Platon, ne se joue-t-il pas sur un sol proprement religieux ? Par ailleurs, l’alliage sans confusion de la politique et de la religion n’est-il pas souhaitable pour sauver l’humain moderne du pressoir des crises actuelles et d’une pratique politique infructueuse ? Telles sont les interrogations secondaires qui sous-tendent la présente réflexion. L’intention fondatrice visée ici est de montrer que, depuis au moins le platonisme, tous les ponts entre politique et religion sont bien loin d’être coupés ; ce qui justifie d’ailleurs, contrairement à ce qu’on croit, le fondement religieux de la pensée politique. De plus, ce paradigme de l’indépendance outrée, qui est le propre du laïcisme contemporain, n’est pas sans inconvénients pour le bien privé et public. Ainsi, pour atteindre ce but, il 9 Cette idée transparaît à la page 81 de la Revue Sciences Humaines, Paris, N0 324, Avril 2020, www.scienceshumaines.com, ISSN : 0996 6994. 10 Une telle conception du pastorat politique comme soin humain du troupeau humain est soutenue par Michel Foucault dans Sécurité, territoire, population. Cours au Collège de France (1977-1978), Paris Gallimard/Seuil, 2004, p. 148 (leçon du 15 février 1978). 11 Le retrait des dieux de la politique est perceptible à travers le mythe du politique. 12 Le Politique, (2011, 286a) de Platon expose bien l’idée que « c’est la raison seule et rien d’autre qui nous » révèle clairement les réalités intelligibles les plus belles et les plus grandes comme la justice sociale. nous apparaît nécessaire de rappeler, dans une approche analytico-critique, premièrement, l’autonomie supposée de la politique et de la religion, à travers le Politique et le Protagoras de Platon. Deuxièmement, nous exposerons le caractère foncièrement religieux de la science politique platonicienne. Et, troisièmement, nous soutiendrons la nécessité d’établir des rapports étroits entre ces deux domaines, pour faire efficacement front commun contre les crises sociales qui éprouvent rudement nos sociétés contemporaines.
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Penser le développement africain à partir de la traduction radicale de Willard Van Orman Quine.
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Koffi Zahouo Alain
et
Coulibaly Tohotonga
UFHB
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RÉSUMÉ
La thématique du développement rime avec celle de la culture de sorte que leur analyse philosophique dans le contexte africain nous mène en ces débuts du 21e siècle à une autocritique de nos valeurs culturelles afin d‘apprécier le développement effectif des mentalités. L’originalité de cette entreprise est de considérer le développement dans une situation comparable à celle d'une langue parlée, afin d’établir une similitude entre la question du développement et l’analyse du langage. Ce lien de similitude qui montre qu'une ressemblance existe entre le langage et la culture nous impose d'inscrire le cadre théorique de notre réflexion dans la philosophie analytique. Notre analyse révèle que l’idée de développement manifeste une complexité pour l’appréhender en pleine lumière. Dans ces conditions, il faut recourir à la traduction radicale du philosophe américain Willard Van Orman Quine, qui est un plaidoyer pour une tolérance culturelle, seul gage d’un développement réel pour l’Afrique.
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Mots-clés
Culture, développement, langage, principe de charité, traduction radicale
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ABSTRACT
The theme of development rhymes with that of culture so that their philosophical analysis in the African context leads us in these beginnings of the 21st century to a self-criticism of our cultural values in order to appreciate the effective development of mentalities. The originality of this undertaking is to consider development in a situation comparable to that of a spoken language, in order to establish a similarity between the question of development and the analysis of language. This link of similarity that shows that a resemblance exists between language and culture require us to inscribe the theoretical framework of our reflection in analytical philosophy. Our analysis reveals that the idea of development manifests a complexity to apprehend in full light. Under these conditions, it is necessary to resort to the radical translation of the American philosopher Willard Van Orman Quine, which is a plea for cultural tolerance, the only guarantee of real development for Africa.
Keywords
Culture, development, language, principle of charity, radical translation.
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INTRODUCTION
La traduction radicale a-t-elle un enseignement à nous donner au sujet du développement pour l’Afrique à l’ère du multiculturalisme ? Le développement intégral dans le contexte africain est-ce une réalité ou un mythe ? L’idée du principe de charité chez Quine ne peutelle pas favoriser l’avènement d’un développement authentique en Afrique ? Cette série de questions obéit à une analyse, celle de la notion du développement à partir de l'idée de traduction radicale. La thématique du développement africain entraine avec elle, celle de la culture puisque selon André Lalande (1999, p.119) la culture est : « développement (ou résultat du développement) de certaines facultés, de l’esprit ou du corps, par un exercice approprié (…) le caractère d’une personne instruite, et qui a développé par cette instruction son goût, son sens critique et son jugement. » Culture et développement sont deux termes liés de sorte que leur analyse philosophique dans le contexte africain nous mène en ces débuts du 21e siècle à une autocritique de nos valeurs culturelles afin d‘apprécier le développement effectif des mentalités. Seulement, comme le fait remarquer Jean Yves Lavoie (1986, p. 11) administrateur des services canadiens, le développement est circonstanciel, car écrit-il : « (…) le développement est dans une situation comparable à celle d'une langue parlée. Il dispose d'une rhétorique (comme une langue parlée) et s'articule autour d'un sujet (un pays ou une région), d'un verbe (développer) et d'un complément (avec l'aide des ressources disponibles). » En d’autres termes, on peut établir une similitude entre la question du développement et l’analyse du langage. Ce lien de similitude qui montre qu'une ressemblance existe entre le langage et la culture nous impose d'inscrire le cadre théorique de notre réflexion dans la philosophie analytique. Or, apparut au XXe siècle, d’origine anglo-saxon, la philosophie analytique est un courant de pensée qui : « met au jour la complexité syntaxique et sémantique de nos énoncés. Elle propose une nouvelle méthode et élève le langage au rang d’une véritable dimension de la pensée » (Marc Le Ny, 2009, p.44) Nous voulons montrer, à partir d’une analyse, que l’idée de développement manifeste une complexité pour l’appréhender en pleine lumière. Dans ces conditions, il faut recourir à la traduction radicale du philosophe américain Willard Van Orman Quine, qui est un plaidoyer pour une tolérance culturelle, seul gage d’un développement réel pour l’Afrique. Pour ce faire, notre analyse se déclinera en trois axes. Après avoir montré que le développement intégral est une notion indéterminée, elle met en rapport la traduction radicale et l’idée de développement en Afrique, d’une part et d’autre part, elle présente le principe de charité comme une nouvelle perspective pour le développement en Afrique.
RÉVOLUTION NUMÉRIQUE ET RÉVOLUTION ASTRONOMIQUE
Pancrace AKA
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RESUMÉ
​Des premiers siècles du calcul, jusqu’aux langages de programmation qui permettent aux ordinateurs d’effectuer des calculs extrêmement complexes sans aucune limite véritable, nous assistons, dans le monde contemporain, à une révolution numérique. Elle façonne et transforme notre monde, ainsi que les différents domaines de rationalité, en l’occurrence l’astronomie. La présente contribution vise à montrer que la révolution numérique fait partie intégrante des outils technoscientifiques fondamentaux qui induisent inéluctablement la révolution astronomique qui continue de s’opérer dans les milieux des astronomes et des astrophysiciens. Nous pensons donc que l’astronomie se mue dorénavant en astrophysique.
MOTS-CLÉS
Expérimentation numérique - Intelligence artificielle - Révolution astronomique – Révolution numérique – Robotique.
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ABSTRACT
From the first centuries of calculation, to the programming languages that allow computers to perform extremely complex calculations without any real limits, we are witnessing, in the contemporary world, a digital revolution. It shapes and transforms our world, as well as the different domains of rationality, in this case astronomy. This contribution aims to show that the digital revolution is an integral part of the fundamental technoscientific tools that inevitably induce the astronomical revolution that continues to take place in the circles of astronomers and astrophysicists. We therefore believe that astronomy is now turning into astrophysics.
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​KEY WORDS
Digital experimentation - Artificial intelligence - Astronomical revolution - Digital revolution - Robotics.
​INTRODUCTION
Le vocable « numérique » s’emploie non seulement en tant qu’adjectif mais aussi substantif. Employé sous son appellation première, il désigne ce « qui est représenté par un nombre, des nombres arithmétiques » 20. « Numérique » se dit de la représentation de données ou de grandeurs physiques sous forme de nombre, par opposition à l’analogique21 . Le nombre est « un concept, un objet abstrait, qui nous permet de qualifier les quantités. Le chiffre, lui, est bien plus réel : il est un symbole, au même titre que les lettres de l’alphabet. » (D. Auger, 2013, p. 5 in V. Torra, 2013). Mais, lorsqu’il est utilisé comme un 20 - Cette définition est tirée du dictionnaire le Grand Robert de la langue française. 21 - Idem substantif, le terme numérique renvoie à l’ensemble des techniques de communication qui utilisent des signaux prenant en compte un nombre fini de valeurs discrètes, notamment dans la reproduction des images, de sons ou de vidéos. Ces techniques de communication s’insèrent dans un ou plusieurs programmes informatiques. Les programmes informatiques sont des algorithmes rédigés dans un langage susceptible d’être compris par un ordinateur. Un algorithme est une méthode d’automatisation du calcul qui, à partir de données de départ, permet d’obtenir avec certitude un résultat grâce à une série de règles appliquées dans un ordre précis et selon un nombre fini de passages. […] Les algorithmes sont ces ingénieurs mathématiques, petits mais puissants, qui travaillent au sein des appareils électroniques qui nous entourent et qui rendent possible notre formidable monde numérique. (V. Torra, 2013, p. 9). La révolution numérique est l’introduction progressive mais massive de la technologie numérique dans tous les domaines de la vie : social, économique, politique, culturel, artistique, scientifique. Cette révolution, qui façonne et transforme notre monde, ainsi que les différents domaines de rationalité, est en réalité l’aboutissement des milliers d’années d’histoire des mathématiques. Elle impacte considérablement toutes les sciences, en l’occurrence l’astronomie. L’astronomie est « la science des astres, des corps célestes (y compris la Terre) et de la structure de l’univers ». L’humanité, à travers les âges, les civilisations et les siècles, s’est toujours interrogée sur les phénomènes célestes (les étoiles, le soleil, la lune, etc.)22. Elle a toujours expliqué, de manière plausible ou non, le Ciel étoilé. Dans cet ordre d’idées, « les progrès des moyens d’observation, de l’œil nu aux satellites modernes, en passant par la lunette de Galilée et les télescopes géants, ont transformé la contemplation en astronomie, puis en astrophysique. » (S. Turck-Chièze, 2009, p. 9). Une révolution astronomique ! Elle impliquerait un changement brusque et important dans le perfectionnement des appareils technoscientifiques et des méthodes à l’œuvre au sein de cette science. Il est à remarquer que la spéculation intellectuelle demeure dans ce vaste champ de rationalité, puisque l’astrophysique moderne repose sur une pérégrination permanente entre l’observation et l’élaboration des théories explicatives. Toutefois, « l’entrée en lice des ordinateurs a introduit dans le jeu un troisième élément, l’expérimentation numérique, qui consiste à observer le comportement de modèles informatiques décrivant les objets de l’Univers. » (S. Turck-Chièze, 2009, p. 9). La trame de la réflexion actuelle est une réponse en direction du problème suivant : la révolution numérique est-elle à la base de la révolution astronomique ? Ce problème suscite d’autres questions : en quel sens la révolution numérique est-elle l’aboutissement des premiers siècles du calcul ? Quel était le visage de l’astronomie avant la révolution numérique ? En quoi la révolution numérique est-elle un moteur essentiel à la révolution astronomique ? La présente contribution relève de deux domaines : l’épistémologie du numérique et celle de l’astronomie. Elle a pour but de montrer que la révolution numérique, parce 22 - Ce questionnement a donné naissance à plusieurs récits de création et cosmogonies. qu’étant consubstantielle aux progrès de la robotique23 et de l’intelligence artificielle24 et rendant possible l’expérimentation numérique, fait partie intégrante des outils technoscientifiques fondamentaux qui induisent inéluctablement la révolution astronomique qui continue de s’opérer dans les milieux des astronomes et des astrophysiciens. L’astronomie se mue donc dorénavant en astrophysique. La méthode historico-critique nous permettra d’atteindre ce but. Pour ce faire, notre réflexion s’articulera autour des points suivants : 1/ des premiers siècles du calcul à la révolution numérique ; 2/ l’astronomie, avant la révolution numérique ; 3/ la révolution numérique, un moteur fondamental et incontournable de la révolution astronomique.
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La prospérité d’un peuple amputé : la recherche scientifique, fondement du développement de l’Afrique noire.
Dr. Angaman Kadio Mathieu
Université Alassane Ouattara​
RESUMÉ
L’Afrique noire francophone a une histoire qui part de l’Égypte Antique, l’esclavage en passant par la colonisation jusqu’à nos jours. Dans cette odyssée, le continent noir a connu des moments de gloire sur la base de sa propre culture. Berceau de la civilisation, riche en ressources naturelles et humaines diverses ayant contribué au développement de certaines sociétés dites grandes puissances, le continent noir peine jusqu’à présent à s’affirmer économiquement. Son développement amorcé depuis l’Égypte ancienne a été freiné par l’esclavage et la colonisation. Tout comme l’Asie, l’Afrique noire a subi des traumatismes de tout genre. Ce qui explique en partie son balbutiement dans le processus du développement. Les dirigeants noirs africains éprouvent des difficultés à créer les conditions d’un superbe lever du soleil à travers les recherches scientifiques, sources de développement réel. Il importe de revoir la politique de développement en Afrique noire en dynamisant les secteurs stratégiques comme la recherche scientifique conformément aux besoins réels du continent, et non en dominant et en exploitant ses ressources naturelles brutes, les valoriser pour une économie dynamique et toujours investir le sommet de la pyramide sociale.
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Mots-clés
Afriquenoire-Civilisation-Colonisation-Culture-Développement-Recherche scientifique
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ABSTRACT
French-speaking black Africa has a history that starts from Acient Egypt, slavery through colonization to the present day. In this odyssey, the dark continent has known moments of glory based on its own culture. Cradle of civilization, rich in various natural and human resources that have contributed to the development of certain so-called great power societies, the black continent has struggled so far to assert itself economically. Its development, which began in ancient Egypt, was hampered by slavery colonization. Just like Asia, black Africa has suffered traumas of all kinds. Tis partly explains its stammering in the process of development. Black Africa leaders find it difficult to create the cnditions for a superb sunrise through scientific research, sources of real development. It is important to review the development policy in black Africa by boosting strategic sectors such as scientific research in accordance with the real needs of the continent, and not by dominating and exploiting its raw natural resources, valuing them for a dynamic economy and always investing the top of the social pyramid.
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Keywords
Black Africa – Civilization – Colonization – Culture – Development – Scientific research.
INTRODUCTION
La recherche scientifique qui caractérise les pays dits développés ou puissants, semble ne pas trouver une terre fertile en Afrique subsaharienne. Depuis l’Antiquité jusqu’à l’esclavage, le continent noir était florissant sur le plan politique, social, agricole, technique, sur la base de sa propre civilisation, au point que tous les pays de la méditerranée venaient s’abreuver à sa source. À en croire C.A. Diop (1979, p. 31), «l’Égypte a été l’institutrice de la Grèce dans toutes les disciplines, c’est un fait certain, ce sont les Grecs eux-mêmes qui le disent, ce sont eux-mêmes qui nous l’apprennent ». L’organisation sociopolitique, l’art, l’artisanat, la technique de transformation du fer de l’or, la culture à travers l’oralité et l’écriture, ainsi que la religion ont fait leur preuve dans une Afrique noire en progrès, harmonieuse et pacifique. A.D.Dealoue (2015, p. 17), citant M. Luther King écrit : « quand vous êtes prêt à partir pour le travail, sachez que la moitié de toutes les choses et de tous les appareils dont vous vous êtes servis avant de quitter votre domicile a été inventée par des noirs ». Des hommes de culture qui font la fierté de l’humanité tels que Pythagore de Samos, Thales de Milet, Jésus-Christ etc. ont eu recours à l’Afrique noire pour la sécurité ou pour des recherches scientifiques. Pourtant, « ce vaste continent riche en ressources naturelles est toujours à la traine » A.D.Dealoue (2015, p.11). Berceau de la civilisation, le plus vieux continent se laisse encore berner et bercer en ce qui concerne son développement économique. Devenu le maillon incontournable de l’épanouissement des sociétés humaines, le développement avec tout le prestige qui l’accompagne reste tributaire de la civilisation occidentale. Insouciant devant les efforts déployés par certains continents comme l’Asie pour rattraper le retard sur l’Europe, le continent noir éprouve des difficultés à sortir du berceau où il fut le premier à prendre place. Devant un enjeu de si grande taille, la question du développement, ce presqu’impossible décollage de l’Afrique noire ne laisse aucune conscience indifférente. De nombreux penseurs (littéraires, philosophes, historiens, sociologues etc.) ont abordé la question dans toute sa complexité et proposé des pistes pour une sortie glorieuse du sousdéveloppement. Pourtant, son avancée jusqu’à ce jour semble infructueuse. Comment expliquer le fait que ‘’la mamelle du rayonnement du monde’’ demeure dans le berceau du développement ? N’est-ce pas dans ce berceau que tout le monde a puisé les ressources naturelles nécessaires, notamment les continents dits développés pour leur épanouissement économique? En clair, qu’est ce qui explique ce retard criard du « continent-mère » ? Cette problématique est intéressante parce qu’en tant qu’Africain et surtout philosophe de formation, il est de notre devoir d’interroger la société qui est la nôtre afin de comprendre les défis de son développement et si possible, proposer des solutions capables de l’aider. Pour atteindre cet objectif, nous utiliserons la méthode historicotéléologique avec laquelle nous mettrons en exergue les causes profondes du retard de l’Afrique sur les autres continents et si possible proposer des solutions pouvant l’aider à faire face aux nombreux défis qu’elle connait.
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Re-enchanter l’altérité extrahumaine pour une ré-modélisation de l’éducation en Côte d’Ivoire
TIENE Baboua
Université Félix Houphouët-Boigny
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RESUMÉ
L’éducation est en soi la transmission d’un savoir à l’homme visant à lui permettre de s’adapter à son monde. Or, ce monde fait face à une crise écologique profonde enracinée dans une crise éthique issue de la césure instaurée entre l’homme et son environnement. Avec le développement et l’universalisation de l’humanisme occidental, survalorisant l’intérêt de l’humain, le monde extrahumain n’est perçu qu’à travers les grilles de l’utilitaire. La prise en compte de sa dimension axiologique, en dehors du cadre de l’intérêt de l’homme, fait alors débat. Toutefois, tenir compte de cette altérité semble être la seule condition à la stabilité du biosystème tellurique et l’expression de toutes les autres valeurs. En Afrique, comme ailleurs, les technosciences, causes de la défiguration du monde et de l’homme, sont enseignées pourtant comme la clé pour sauver la terre et ses habitants de toutes les perditions. Il semble qu’une éducation reformée, re-enchantant l’altérité extrahumaine peut aider à engager des actions pour l’équilibre durable de la biosphère. Et cette analyse critique entend montrer la possibilité d’éduquer au respect des valeurs extrahumaines sans renoncement au bien-être social.
Mots-clés
éducation – extrahumain – crise écologique – éthique – biosphère – responsabilité – technoscience
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ABSTRACT
Education means transmission of knowledge to man witch aimed at adapting his existence to the world. However, this world faces a deep ecological crisis rooted in an ethical crisis resulting from the break between man and his environment. With the development and universalization of Western humanism, overvaluing the interest of the human, the extrahuman world is perceived through the grids of the utilitarian. Considering its axiological dimension, outside the framework of the interest of man, is then debated. However, considering this otherness seems to be the only condition for the stability of the telluric biosystem and the expression of all the other values. In Africa, as elsewhere, the techno-sciences, causes of the disfigurement of the world and of man, are taught as the key to save the earth and its inhabitants from all perdition. It seems to us that a reformed education, re-enchanting extrahuman otherness can help to initiate actions for the sustainable balance of the biosphere. Our critical analysis will have to show the possibility of educating in respect for extrahuman values without renouncing social well-being.
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Keywords
Education – Extrahuman – Ecological Crisis – Ethics – Biosphere – Responsibility – Techno-science
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INTRODUCTION
Le paradigme de l’éducation a commencé sa mutation vers la centralité du sujet humain depuis la Renaissance en Occident. Cette position prioritaire de l’homme parmi les existants relève de ce que Hans Jonas nomme « l’humanisme occidental » L’époque de la Renaissance, puis celle des Lumières, a acté une rupture avec les logiques spiritualistes et religieuses où la valeur de l’homme était subordonnée à celle de Dieu ou du divin. Désormais, l’homme et la construction du bonheur dans le monde spatio-temporel sont devenus le centre et la finalité de toute action. Autrement dit, dès cette époque, l’homme a choisi de se construire une posture par laquelle c’est désormais lui qui fait son histoire. Il n’y a plus de puissance extra-mondaine qui gouverne le cours de l’histoire. Le mythe de Prométhée, remettant le feu de l’intelligence et du pouvoir à l’homme, devient ainsi la clé pour lire et comprendre un monde en mutation, tournant le dos à la gouvernance divine considérée désormais comme aveugle et inacceptable. Si l’humanisme occidental est caractérisé par la mise en valeur de caractéristiques immanentes à l’homme telles que la raison et la liberté, selon des penseurs comme Hans Jonas, il consiste aussi et surtout à une mise en avant de son droit à être et demeurer en vie, à être heureux, mais surtout à user de tout ce qui est nécessaire à son existence. Dès cet instant, toutes ses activités se trouvent orientées vers cet idéal d’humanité. L’homme ainsi cet être qui concentre en soi toutes les valeurs au détriment des autres êtres du monde, la raison étant vu comme cette valeur par excellence symbolisée alors par la lumière. L’intérêt de l’homme est alors défendu, bien souvent, au dépend du monde extrahumain et au nom de la raison qui fait de l’homme « la mesure de toute chose » (H. Jonas, 2001, p. 33), selon une empruntée à Sophocle. Seulement, l’histoire de l’homme va connaitre des horreurs manifestes dans les rapports de l’homme avec l’homme. Les deux guerres mondiales, Auschwitz, Hiroshima et Nagazaki, entre autres, ont impacter négativement la foi que l’homme accordait à sa propre humanité. Par ailleurs, la crise écologique, induite par les choix méthodiques censés le conduire vers le progrès et un bien-être continue, est davantage considérée comme le symbole d’une faillite de la raison qui était appeler à éclairer les choix et les actions utiles à la vie humaine. Le progrès semble devenu nuisible pour nombre de valeurs sociales, religieuses, environnementales, etc. Le seul critère valable, comme paradigme du bonheur, étant la recherche de la croissance socioéconomique, l’homme a fini par ruiner les valeurs qui maintiennent l’équilibre de la vie. Le diagnostic fait, il faut un traitement. Pour cela, l’homme a une double responsabilité : il est responsable parce qu’il est la cause de cette menace qui plane sur le monde ; il l’est aussi parce qu’il est considéré comme le seul être capable d’assumer une responsabilité à l’égard d’autres êtres. Dans ce cas, comment est-il possible d’incliner les hommes actuels à restaurer ou, au moins, à maintenir l’équilibre de la biosphère ? Au-delà des engagements circonstanciels en faveur de la nature, l’éducation semble être la meilleure voie pour ancrer durablement, dans les consciences humaines, des normes écologiques nécessaires au maintien de l’équilibre de la Terre. Si le déséquilibre biosphérique est né d’une conversion du regard de l’homme sur lui-même et sur le monde, cela signifie que le monde est passé d’une phase d’enchantement à une phase de désenchantement de la relation entre l’homme et la nature. Ce qui est donc recherché, c’est la meilleure voie pour réenchanter la vie sur Terre. Et c’est à l’homme qu’il revient de re-enchanter le monde extrahumain et d’intégrer cet idéal de maintien de l’équilibre entre l’homme et le reste du monde dans les normes de l’éducation afin d’offrir au monde les hommes qu’il faut. Dans cette contribution, qui se veut herméneutique et critique, sont mis en avant les fondements idéologiques de la crise environnementale (I). Ensuite, sont examinées les raisons fondant la nécessité de ré-enchanter le rapport entre l’homme et la nature à l’effet de donner des instruments appropriés à l’éducation (II). Enfin, sont proposées des pistes de réformes des normes de l’éducation à une éthique environnementale plus responsable (III).
L’agriculture numérique en Côte d’Ivoire : la voie d’une alternative du développement agricole ?
Jean-Hervé WOBE
Université Alassane Ouattara
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RESUMÉ
Un pays comme la Côte d’Ivoire dont le succès repose sur l’agriculture est encore à la traine quant à l’essor de son agriculture. Car, même le miracle ivoirien des années 80 n’a pas permis de moderniser cette agriculture et au-delà, d’améliorer le niveau de vie des producteurs agricoles. Les nouvelles technologies améliorant tous les secteurs d’activités, il est donc grand temps que l’agriculture ivoirienne prenne le boulevard de ces nouvelles technologies à travers le numérique. D’où l’alternative de l’agriculture numérique en Côte d’Ivoire pour booster ce secteur et améliorer le niveau de vie de ceux qui la pratiquent.
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Mots-clés
agriculture, numérique, alternative, développement.
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ABSTRACT
A country like Côte D’Ivoire, whose success relies on agriculture, is still lagging behind in terms of its agricultural development. Because even the Ivorian miracle of the 1980s did not make it possible to modernize this agriculture and beyond, to improve the standard of living of agricultural producers. As new technologies improve all sectors of activity, it is high time that Ivorian agriculture took the risk of taking the boulevard of these new technologies through digital technology. Hence the alternative of digital agriculture in Côte d’Ivoire to boost this agriculture and improve the standard of living of those who practice it.
Keywords
agriculture, digital, alternative, development.
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INTRODUCTION
Le Président Felix Houphouët Boigny, dans son projet de société, a opté pour une politique de développement basée sur un modèle économique agro-exportateur à travers le binôme café- cacao et le bois. La Côte d’Ivoire reste le premier producteur mondial de cacao et occupe la troisième place en Afrique concernant la production caféière (cacao.ci, 2014). Le président Félix Houphouët Boigny l’exprimait en ces termes : « Le succès de ce pays repose sur l’agriculture ». Avec la chute des cours mondiaux de ces principaux produits, l’Etat ivoirien va faire le choix de la diversification en initiant des produits comme le palmier à huile, la canne à sucre et le coton. A sa suite les gouvernants ivoiriens vont ajouter à cette liste, des produits comme la noix de cajou. En outre, l’agriculture, en dépit de ce qu’elle constitue pour l’économie ivoirienne, est restée dans un état d’exploitation archaïque malgré la volonté étatique exprimée par le passage de groupements à vocation coopératives aux sociétés coopératives Les attentes sont encore énormes. Les nouvelles technologies de l’information améliorant tous les secteurs d’activités, comment l’agriculture ivoirienne peut-elle adopter l’usage du numérique pour booster sa performance et par ricochet améliorer les recettes étatiques ainsi que le niveau de vie des agriculteurs ? Comment se présente la structuration du secteur agricole ivoirien ? Quel serait l’impact de l’adhésion à l’agriculture numérique en côte d’Ivoire ? Dans ce contexte ci, le risque reste un danger éventuel, plus ou moins prévisible, inhérent à une situation ou à une activité. Dans cette étude le risque est un projet générant des gains et des pertes à maitriser et à contenir. L’alternative est une solution de remplacement par rapport à une solution antérieure jugée insatisfaisante. L’agriculture numérique représente l’application moderne des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le domaine agricole, débouchant sur ce qu’on pourrait appeler la troisième révolution verte. En suivant la sélection des plantes et les révolutions génétiques, la troisième révolution verte prend en charge le monde agricole fondé sur l’application combinée des solutions de TIC comme les appareils de précision, l’internet des objets, les capteurs et actionneurs, les systèmes de positionnement, les bases de données, les drones, la robotique, etc. L’agriculture intelligente a un réel potentiel pour favoriser une production agricole plus productive et durable, fondée sur une approche plus précise et économe en ressource (2009-2016, BioSense). Quant au développement agricole, il est un processus de transformation et de modernisation de l’agriculture à travers des politiques de financements publiques ou privées. L’objectif de cet article est d’attirer l’attention des gouvernants africains en général et en particulier des autorités ivoiriennes afin de prendre le risque d’emprunter le chemin de l’agriculture numérique. Nous ferons appel à trois théories dans cette étude. La première est la théorie de l’appropriation. Etymologiquement, le concept « Appropriation » tire ses origines du latin, appropriare, l'action de rendre sien, de s'approprier. Cette notion prend en compte deux notions dont celle de l'idée d'appropriation d'une chose à un usage défini d'une part, et l'action visant à rendre propre (personnel, individuel) quelque chose d'autre part. C'est-à-dire que l'individu jouit pleinement de l'objet. L'appropriation est, de ce point de vue, le pouvoir d'user, de personnaliser l'emploi de l'objet à des buts qui paraissent les plus avantageux, indépendamment du destin primordial de l'objet. Pour Serge PROULX (2001), il s'agit de la manière par laquelle un individu acquiert, maitrise, transforme ou traduit les codes, les protocoles, les savoir-faire nécessaire pour transiger correctement avec l'outil technique. La seconde est la théorie du risque prônée par Kahneman et Tversky qui le définissent en ces termes : « L’appréhension du risque par les individus consiste non pas à évaluer d’abord les chances de réalisation de tel ou tel état, puis à en déduire les conséquences positives ou négatives que ces états vont entraîner pour eux, mais plutôt à comparer les gains et les pertes certains ou incertains qu’ils sont susceptibles de leur apporter. » 38. Et la troisième théorie : L’approche par le système sectoriel d’innovation (SSI). L’agriculture numérique est considérée comme un secteur émanant de la transformation du secteur de l’agriculture moderne avec : des bases de connaissances et domaine technologique spécifiques -des acteurs et réseaux d’acteurs en interactions autour de la technologie -des institutions qui régissent les actions et interactions entre les acteurs (www.smart-akis.com). Dans un premier temps, nous présenterons l’agriculture ivoirienne et la structuration du secteur agricole ivoirien. Dans un second temps, nous montrerons comment la côte 38 Daniel Kahneman et Amos Tversky, Prospect them an analysis of decisions under risk, in Econometrica, 2. 1979. d’Ivoire devra prendre le risque d’emprunter le boulevard de l’agriculture numérique. Et enfin nous montrerons dans un troisième temps l’impact de l’agriculture numérique dans l’économie ivoirienne et des agriculteurs.
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Penser la valeur performative de l’éducation face à la crise de l’école ivoirienne
YEO Zié Seydou
Université Félix Houphouët-Boigny
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RESUMÉ
La valeur performative de l’éducation est une voie idoine pour faire face à la crise qui secoue l’école ivoirienne depuis des décennies. Cette crise est le fait de la mort de la société holistique, une société solidaire de l’éducation. Cette crise est due aussi au changement intervenu dans les sociétés modernes sur le statut de l’enfant dans la cellule familiale qui fait qu’il n’est plus perçu par les parents comme une personne pour la communauté, mais plutôt comme une exception. Cette nouvelle facette de l’éducation contemporaine est nourrie par un capitalisme pulsionnel qui ne fait qu’exacerber la crise sociétale dont les répercutions sont retentissantes dans le système éducatif du pays. Pour y faire face il faut recourir à des piliers fondamentaux que sont les parents ainsi que l’école elle-même. L’école ivoirienne, pour être stable et performante, doit promouvoir la coopération entre les apprenants et installer en eux le recours permanent à la réflexivité.
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Mots-clés
Capitalisme pulsionnel, coopération, crise sociétale, réflexivité, valeur performative
ABSTRACT
The performative value of education is an appropriate way to face the crisis which shakes the school of the Ivory Coast since decades. This crisis is the result of the death of the holistic company, a company interdependent of education. This crisis is due also to the change occurred in the modern societies on the statute of the child in the family unit which makes that it is not perceived any more by the parents like a person for the community, but rather like an exception. This new facet of contemporary education is nourished by an instinctual capitalism which does nothing but exacerbate the societal of which reflect them are resounding in the education system of the country. To face there it is necessary to resort to fundamental pillars that are the parents as well as the school itself. The school of the Ivory Coast, to be stable and powerful, must promote the co-operation between learning and install in them the permanent recourse to reflexivity.
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Keywords
Drive Capitalism, Cooperation, Societal Crisis, Reflexivity, Performative Value
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INTRODUCTION
Dans un monde où l’individualisme semble triompher, où la consommation semble le seul idéal offert à notre jeunesse, où les inégalités s’accroissent, où l’avenir de notre pays est plus que menacé et où la violence apparait parfois comme la seule manière de résoudre les conflits, l’école et les parents sont souvent bien démunis. Chacun tente de tirer son épingle du jeu mais souvent sans perspectives d’avenir. Or l’éducation si elle ne peut pas tout, elle peut sans doute quelque chose. A nous adultes, de transmettre à nos enfants ce qui les libère et ce qui les unit. A nous de leur transmettre ce qui leur permettra de comprendre de transformer ce pays. A nous de leur inculquer le courage de s’engager pour préparer un avenir meilleur. C’est notre devoir. Et c’est bien le sens de la valeur performative de l’éducation qu’il convient de questionner ici face à la crise que vit l’école ivoirienne depuis des décennies. D’ailleurs selon Martin Heidegger (1952, p. 209) « savoir questionner signifie : savoir attendre, même toute une vie ». Cela implique le questionnement suivant : que faut-il entendre par crise et en quoi peut-on soutenir l’idée d’une crise de l’école ivoirienne ? Que faut-il retenir de la valeur performative de l’éducation et comment peut-elle aider à juguler la crise et ramener l’école ivoirienne sur les sentiers de la performance et de l’excellence ? Ces interrogations suggèrent subrepticement autant la méthodologie du présent texte que ces lignes directrices. Il s’agira d’une approche sociocritique par laquelle nous tenterons une interprétation sociologique de la notion de valeur performative de l’éducation en lien avec le concept de crise précisément de l’école ivoirienne. Pour mener à bien cette réflexion nous avons choisi d’organiser les arguments autour de trois axes. D’abord, nous partirons de l’esquisse d’une analyse lexicale. Ensuite nous présenterons la crise de l’éducation. Puis, nous noterons enfin les perspectives pour juguler la crise de l’école en Côte d’ivoire.
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PHILOSOPHIE DES MÉDIAS CHEZ MARCUSE ET JOURNALISME DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE
Amara Salifou
Alassane Ouattara
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RESUMÉ
L’impact des médias sur les différents secteurs socioprofessionnels conforte la philosophie qu’il faut s’intéresser à leur constitution, leur mode opératoire et les objectifs visés. Au travers de la philosophie des médias, Herbert Marcuse nous permet de nous incruster dans ce secteur. Mieux, le regard marcusien marque un intérêt particulier pour le journalisme de développement qui pourrait constituer une réelle opportunité pour l’Afrique.
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Mots-clés
Afrique-Développement-Journalisme-Médias-Problèmes-Sujets-Solutions-Sujets
ABSTRACT
The impact of the media on the various socio-professional sectors confirms the philosophy that we must be interested in their constitution, their modus operandi (or operating procedure) and the objectives sought. Through the philosophy of the media, Herbert Marcuse allows us to become embedded in this sector. Better still, the Marcusian gaze shows a particular interest in development journalism which could constitute a real opportunity for Africa.
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Keywords
Africa-Development-Journalism-Media-Problems-Solutions-Subjects
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INTRODUCTION
Dans le concept de journalisme de développement, nous nous retrouvons en face de deux entités que tout semble ne pas lier d’avance. Le journalisme, de façon générique fait allusion à l’information, les procédures de son acquisition, sa diffusion ou sa vulgarisation. Quant au développement, il est l’apanage des décideurs communautaires, administratifs, politiques ou économiques qui orientent l’avenir de la société, sa restructuration, ses orientations ou ses constructions. Retrouver ce concept en philosophie paraît encore plus interrogatif pour les profanes lorsque nous faisons référence à la philosophie des médias. Il convient de savoir que le journalisme de développement est abordé depuis au moins le siècle des Lumières par les philosophes. Karl Marx (1818-1883) est d’ailleurs une référence en la matière. « Il devient journaliste, puis rédacteur en chef de la Rheinische Zeitung de tendance démocratique révolutionnaire, finalement interdite par le gouvernement Prussien ». (universalis.fr/Karl Marx/La jeunesse/consulté le 14 juillet 2021 à 11heures 40 minutes). Ce, en plus du philosophe, de l’économiste ou du sociologue qu’on sait de lui. Le journalisme était pour lui, non seulement une occasion de partager ses pensées mais d’impacter aussi les esprits pour préparer la révolution. Jean-Paul Sartre (1905-1980), philosophe contemporain fut journaliste, fondateur et directeur de la revue Les Temps modernes créée en 1945 (gallimard.fr/revue les temps modernes/ consulté le 15 juillet 2021 à 15heures 50 minutes). On pourrait citer bien évidemment Frantz Fanon, le philosophe dont l’apport journalistique dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie est reconnu. Il était « journaliste au Moudjahid, organe du Front de Libération National algérien » (2021,https://francearchives.fr/fr/commemo/recueil2011/39637/frantz fanon). Pour en revenir au journalisme de développement, quelques définitions sont nécessaires. Etymologiquement, Journalisme vient du latin diurnus, d'un jour, de chaque jour, journalier. Le journalisme est le travail, l'activité, la profession de journaliste. C'est aussi le mode d'expression propre à la presse. « Le journalisme (/Ê’uÊ€nalism/) est l'activité qui consiste à recueillir, vérifier et éventuellement commenter des faits pour les porter à l'attention du public dans les médias en respectant une même déontologie du journalisme (www.toupie.org.dictionnaire.definition.journalisme.consulté le 15 juillet 2021 à 8heures 30 minutes) Le développement vient du latin "de", préfixe de cessation, de négation, et de "velare", voiler, couvrir, envelopper. Le développement est donc l'action de faire croître, de progresser, de donner de l'ampleur, de se complexifier au cours du temps. Le terme est apparu vers 1755. Le dictionnaire le Robert (www.dictionnaire.lerobert.com.développement consulté 15 juillet 2021 à 17heures 45 minutes) le définit comme « ce qui prend de l’extension » Il convient donc de savoir que le développement a besoin d’être accompagné. Le journalisme de développement en demeure une lucarne incontournable pour traiter les informations liées au développement, les rechercher, les canaliser, les orienter, les diffuser et partager avec la société, leurs impacts pour un meilleur investissement humain, matériel ou financier. Mieux, le journalisme de développement a une connotation particulière chez Herbert Marcuse dans son approche philosophique face aux réalités abordées par les médias. Pour Marcuse en effet, les médias ont un rôle essentiel. Celui d’aborder les sujets qui méritent d’être, non seulement pour lever les obstacles d’engourdissement, de manipulation, de banalité dans lesquels les sociétés sont plongées, mais d’ouvrir surtout les pistes, pour les pays en développement, en particulier, de nouveaux axes qui ne leur fassent pas reproduire les formes exploitantes d’une existence hachée, statique et involutive face aux défis qui sont les leurs. La philosophie des médias qui est une réflexion critique sur le regard, le traitement des sujets d’information par les médias, trouve chez Marcuse des caractéristiques particulières pour les sociétés en lutte pour leur affirmation, comme c’est le cas pour les sociétés africaines en quête d’identité dans un monde dominé par les sociétés industrielles établies. Pour les pays en développement, à l’exemple de ceux d’Afrique, le journalisme demeure essentiel dans l’accompagnement des atouts dont regorgent les pays, qui pour la plupart ont des problèmes récurrents d’infrastructures alors qu’ils ont d’énormes potentialités naturels par exemples. Ces problèmes cruciaux méritent un regard à la fois urgent et essentiel, un apport éclairant face aux crises constantes, le compte-rendu conforme des réalités, les exemples à promouvoir etc. C’est bien en cela qu’en critique aux médias qui se donnent à voir comme étant des canaux indépendants d’informations, H. Marcuse (1969, p29) retient que « dans une démocratie organisée de façon totalitaire, l’objectivité peut concourir à un but différent, c’est-à-dire à favoriser un état d’esprit, qui tend à confondre le vrai du faux, le juste et l’injuste, l’information et l’endoctrinement » Comment les pays en général et les pays africains en particulier peuvent-ils se soustraire des informations manipulatrices pour celles qui rendent véritablement compte de leurs quotidiens et leurs volontés ? Quelles sont véritablement leurs préoccupations en matière de développement ? Les attentes de plus en plus récurrentes liées à la désertification, aux inondations, à l’orpaillage clandestin, aux pollutions environnementales, à la rareté du vivrier ou la pauvreté qui recule faiblement, ne sont-elles pas des questions cruciales qui méritent d’être abordées constamment par des organes de presse ? Le développement auquel aspirent les pays africains ne coure-t-il pas un danger s’il s’appuie sur des informations très en deçà de leurs besoins véritables ? Quel type de journalisme faut-il donc aux pays africains en particulier pour qui les défis de développement sont cruciaux dans presque tous les domaines, dans un monde où la concurrence est devenue un baromètre ? Pour Marcuse, l’existence concrète des individus, les luttes qu’ils mènent quotidiennement, leurs réalités véritables, leurs aspirations dépouillées de toutes formes d’endoctrinement, une voie originale de développement, doivent constituer l’intérêt principal des médias, du journalisme précisément, en particulier pour les pays en développement. Il importe d’avoir un regard journalistique sur la vie des populations africaines : s’améliore-t-elle ou se dégrade-t-elle plutôt ? Cette question ne mérite-t-elle pas d’être traitée comme un sujet capital par les médias africains ? Si l’on s’en tient en effet, à une alerte sur l’indice de développement humain du Programme des Nations-Unis pour le Développement (PNUD) de 2022 et rapportée par l’agence Ecofin : À la première place africaine du classement on retrouve l’île Maurice. Si le pays se classe à la 63e place mondiale, il est le seul du continent à se situer dans la catégorie des pays ayant un IDH « très élevé ».Sept pays africains se classent désormais dans la catégorie des IDH « élevés », tandis que 17 sont dans la catégorie des IDH « moyens ». La triste majorité (28) des pays africains étudiés dans le rapport se classent tous dans la catégorie des IDH « faibles ».(https://www.agenceecofin.com/actualites/1009-101036-classement-2022-despays-africains-par-indice-de-developpement-humain-pnud, consulté le 16 septembre 2022 à 09heures 38 minutes). Ces réalités nous amènent à mieux mieux cerner la problématique de la philosophie des médias chez Herbert Marcuse, en parallèle avec le journalisme développement pour les pays africains. Nous nous intéresserons d’abord à l’historique du journalisme et des exigences d’une presse libre chez Marcuse. Nous aborderons par la suite, la question du développement chez Marcuse, en particulier pour les pays africains. Enfin, sous un éclairage marcusien, nous verrons comment la philosophie des médias peut contribuer à un journalisme de développement pour les pays africains. Pour parvenir aux objectifs envisagés, nous allons nous appuyer sur une réflexion à la fois historique, analytique, critique et propositionnelle autour du journalisme de développement pour les pays africains en particuliers. Les résultats auxquels cette étude nous permettra d’aboutir visent à une meilleure compréhension de la philosophie des médias et à une réelle appropriation du journalisme de développement pour l’Afrique.
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