
PLAN
VOLUME INTÉGRAL
-
Christian Kouadio YAO
La phagothérapie : Un modèle thérapeutique pertinent contre la résistance bactérienne à l’antibiothérapie
Université Alassane Ouattara
-
Saty Dorcas Diomandé
Penser le postmodernisme littéraire entre une révolution sexuelle et une déconstruction idéologique :
Le cas de La vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet.
Université Pelefero Gon Coulibaly de Korhogo
-
DIOMANDÉ Zolou Goman Jackie Élise
Les savoirs endogènes face aux crises sociales en Afrique
Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo
​
-
Kouamé Hyacinthe KOUAKOU
De la référence à la religion dans les Constitutions en Afrique face à la problématique de la construction de l’État-nation
Université Alassane Ouattara de Bouaké
​
-
Faloukou DOSSO
Transhumanisme et posthumanité dans les débats bioéthiques à partir de Hottois :
Quelle humanité au XXIe siècle ?
Université Alassane Ouattara
-
Dago Michel GNESSOTÉ Dr Abraham GBOGBOU
Rhétorique du discours prénuptial chez les Dida
Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody,
-
GOLI KOUASSI YVES ROMARIC
La critique bachelardienne du concept de déterminisme dans son identification à l’esprit scientifique
Université Peleforo GON COULIBALY de Korhogo
-
Yeo Yallamissa
La conception du socialisme adotevien et le développement de l’Afrique : pour une déconstruction du socialisme africain de Senghor, Nyerere et Nkrumah
Université Alassane Ouattara de Bouaké
-
Akpolê Koffi Daniel YAO
Hegel et l’enjeu historique de la COVID-19 : la constitution d’une société numérique
Université Peleforo Gon Coulibaly /Korhogo
​
-
Gbodjé Sekré Alphonse
La sémantique du concept « Bobla » dans l’anthropologie Dida
Université Alassane Ouattara de Bouaké
​
​

RÉSUMÉ
Djaka, Revue Internationale de Sciences Humaines (RISH) fait signe à tous les chercheurs de haut niveau, soucieux de la nécessité de partager des postures authentiques. Elle est indépendante de toute institution académique, malgré les évidents partenariats qu’elle tisse avec de nombreux espaces de savoir. Par ailleurs, Djaka (RISH) est respectueuse des pairs qui l’honorent en la choisissant comme outil de diffusion de leurs travaux. Un respect manifeste dans les évaluations et la promptitude des échanges. Une équipe dynamique instruite aux réflexes et objectifs fondamentaux est à l’œuvre pour tout fluidifier. Un accent particulier est mis sur la maîtrise de la langue et la structuration franche des problématiques. Les énonciations discursives doivent à toutes les strates en être irriguées ; la consistance espérée y incline. La sélection des articles n’est orchestrée par aucune forme d’ostracisme ou autres semblables, les strictes consignes et la grille d’évaluation officielle en exhibent la réalité.
RÉSUMÉS ET INTRODUCTIONS
LA PHAGOTHÉRAPIE : UN MODÈLE THÉRAPEUTIQUE PERTINENT CONTRE LA RÉSISTANCE BACTÉRIENNE À L’ANTIBIOTHÉRAPIE
Christian Kouadio YAO
Université Alassane Ouattara​
​
RÉSUMÉ
L’enthousiasme qu’ont suscité les antibiotiques face à l’incertitude thérapeutique des maladies bactériennes au cours des années 1940 a été de courte durée. Les bactéries pathogènes ont opposé une résistance aux antibiotiques ; phénomène qui a ruiné les acquis de l’antibiothérapie et qui tend aujourd’hui à plonger l’humanité dans l’imminence d’une crise sanitaire. Pour pallier l’antibiorésistance, cet article propose la résurgence de la phagothérapie comme une solution à la fois alternative et complémentaire à l’antibiothérapie.
​
MOTS-CLÉS
antibiothérapie – antibiotique – bactérie – bactériophage – microorganisme – phagothérapie – résistance
​
ABSTRACT
The enthusiasm for antibiotics over the therapeutic uncertainty of bacterial disease in the 1940s was shortlived. Pathogenic bacteria have shown resistance to antibiotics; a phenomenon which has ruined the achievements of antibiotic therapy and which today tends to plunge humanity into the imminence of a health crisis. To overcome antibiotic resistance, this article proposes the resurgence of phage therapy as an alternative and complementary solution to antibiotic therapy.
​
KEYWORDS
antibiotic therapy - antibiotic - bacteria - bacteriophage - microorganism - phage therapy – resistance
​
INTRODUCTION
La découverte des microorganismes au XVIIe siècle par Antoon Leeuwenhoek a permis, à partir de la victoire de Louis Pasteur, en 1862, sur la vieille théorie de la génération spontanée, de révolutionner la microbiologie. L’existence d’une myriade d’êtres vivants infiniment petits dans tous les écosystèmes est devenue une réalité épistémique, répertoriant ces microorganismes par groupes de virus, de bactéries et de parasites.
Les bactéries, en particulier, en plus d’envahir notre environnement, vivent, pour certaines (les bactéries commensales) en nous avec un nombre quasi-égal à celui de nos cellules pour favoriser les mécanismes chimiques, physiologiques et métaboliques nécessaires au bon fonctionnement de notre organisme. Cependant, d’autres pathogènes, sont responsables de graves maladies qui ont considérablement réduit les chiffres de la démographie mondiale. Face à l’explosion du taux de mortalité causée par « ces frétillantes et misérables bêtes » (P. D. Kruif, 2006, p. 15), les recherches scientifiques en microbiologie se sont multipliées afin de trouver des moyens pour satisfaire les besoins de santé des malades. C’est ainsi qu’en 1917, Felix d’Hérelle fit la découverte d’une bactérie[1] dont les propriétés bactéricides ont abouti à la naissance de la phagothérapie, entendue selon A. Dublanchet (2017, p. 17) comme « un traitement spécifique des maladies bactériennes par les bactériophages ». Malheureusement, quelques obstacles épistémologiques amplifiés en 1947 par l’avènement de l’antibiothérapie ont anéanti les chances d’éclosion de la phagothérapie malgré ses quelques exploits. Mais, la consommation abusive et souvent non règlementée des antibiotiques a favorisé, dès les années 1950, le début de la résistance bactérienne. Les bactéries ont appris à se construire des parois membranaires résistantes et d’autres stratégies subtiles de défense « pour lutter contre les molécules toxiques présentes dans leur environnement » (P. G. Imbert, 2016, p. 20). Une résistance qui met à mal l’efficacité des antibiotiques et crée une impasse thérapeutique alarmante. Face aux insuffisances avérées de la chimie de synthèse, n’y a-t-il pas nécessité de faire resurgir la phagothérapie afin d’en faire un modèle thérapeutique pertinent pour lutter contre la résistance bactérienne à l’antibiothérapie ? Le bactériophage, en tant que médicament biologique "intelligent," n’a-t-il pas la capacité de réussir son action lytique par conditionnement à la réaction de l’agent pathogène ? Et si la phagothérapie devenait le complément thérapeutique à l’antibiothérapie dans la lutte contre les maladies à infection bactérienne ?
Cette contribution se propose, à travers une approche analytico-démonstrative, de montrer qu’il y a un besoin urgent pour les scientifiques et les firmes pharmaceutiques, face au déclin progressif de l’antibiothérapie, de réexhumer la phagothérapie, en finançant des recherches afin de soulager les malades d’infections bactériennes. Aussi faudra-t-il décliner les objectifs secondaires qui consistent à faire de la lumière sur la révolution antibiothérapique et envisager la possibilité d’actions thérapeutiques conjuguées des bactériophages et des antibiotiques pour lutter plus efficacement contre les bactéries pathogènes.
[1] Felix d’Hérelle donna le nom de "bactériophage" à cette bactérie.
​
​
​
Penser le postmodernisme littéraire entre une révolution sexuelle et une déconstruction idéologique : Le cas de La vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet.
​
Saty Dorcas Diomandé
Université Pelefero Gon Coulibaly de Korhogo
​​
RÉSUMÉ
Si le modernisme propose une réécriture de la littérature traditionnelle pour un renouvellement de ses formes, la notion de postmodernisme exprime une nouvelle forme d’esthétique littéraire, particulièrement novatrice, qui propose une aventure de l’écriture qui se situe au-delà et non en dehors de la modernité. Le postmodernisme s’imprime, dans cette perspective, d’une fonctionnalité artistique dont la portée symbolique admet « une réécriture de quelques traits revendiqués par la modernité » (J.-F. Lyotard, 1988, p. 202). Ce potentiel de l’écriture postmoderne, qui s’assure de façonner et de revisiter le contexte esthétique du monde littéraire, insuffle au roman de Catherine Millet, La vie sexuelle de Catherine M. (2001), une complexité qui va des paradoxes des pratiques sexuelles à la déconstruction de l’idéologie, en passant par la mise en abîme de la morale sexuelle.
​
Mots-clés
Postmodernisme, modernisme, déconstruction, renouvellement, sexualité.
​
ABSTRACT
If modernism proposes a rewriting of the traditional literature for a renewal of its forms, the notion of postmodernism expresses a new form of literary aesthetics, particularly innovative, which proposes an adventure of the writing which is beyond and not out of the modernity. The postmodernism is printed, in this perspective, of an artistic functionality whose symbolic range admits «a rewriting of some features claimed by the modernity» (J. F. Lyotard, 1988, p. 202). This potential of postmodern writing to shape the aesthetic context of the literary world infuses Catherine Millet’s novel, La vie sexuelle de Catherine M. (2001), with a complexity that ranges from the paradoxes of sexual practices, to the deconstruction of ideology, to the mise en abyme of sexual morality.
​
Keywords
Postmodernism, modernism, deconstruction, renewal, sexuality.
​
INTRODUCTION
« Le post en débat ». Cette présente thématique, très intéressante dans sa perspective, interroge le concept de post-modernisme à une époque où le langage littéraire s’appréhende différemment et apparaît comme un signifiant textuel libre. Ce terme fondamental, « post », qualifié de « préfixe accablant » par A. Lamontagne (1986, p. 23), est très complexe dans son élan. Associé au modernisme, il donne naissance à un nouveau paradigme composé, post-modernisme, qui résume toute l’idéologie d’une époque extrêmement contemporaine qui vient après la modernité.
Extrêmement contemporain, pour reprendre les mots de M. Chaillou (1987, p. 7), le post-modernisme est, pour H. Meschonnic (1993, p. 6), ce langage qui se radicalise dans une opposition avec le modernisme. Meschonnic (1993, p. 6) pense un après de la modernité, un après encore « informulable » pour M. Gontard (2003, p. 5) et « chimérique » pour A. Nadaud (1987, p. 166). Ce post-modernisme, avec tiret, souhaite, une fois pour toutes, rompre avec le jeu excessif de la modernité pour honorer un style inventif des Belles-Lettres. Si pour les tenants de la modernité, les voies esthétiques se multiplient et se chevauchent dans les Beaux-Arts, pour les post-modernistes, il est grand temps de légitimer une nouvelle littérature qui récuse toute dénomination commune pour une démarche unique. Evidemment, ce post-modernisme ne saurait aboutir au même type de projet prôné par le modernisme.
Le postmodernisme, sans tiret, par contre, qui s’énonce sous la plume de Jean-François Lyotard est une forme continue et progressiste de la modernité. J.-F. Lyotard (1988, p. 202) écrit à ce propos :
La postmodernité n’est pas un âge nouveau, c’est la réécriture de quelques traits revendiqués par la modernité, et d’abord de sa prétention à fonder sa légitimité sur le projet de l’émancipation de l’humanité entière par la science et la technique. Mais cette réécriture, comme je l’ai déjà dit, travaille depuis longtemps à l’intérieur de la modernité elle-même.
Le postmodernisme lyotardien se conçoit dans un projet pro-moderne qui épouse intensément les contours de la modernité. Il est cette esthétique progressiste qui scande les profondeurs de la modernité pour en générer des variantes intégratives et expérimentales. Le postmodernisme, ainsi entendu selon J. F. Lyotard (1982, p. 365), « n’est pas le modernisme à sa fin, mais à l’état naissant, et cet état est récurrent ». Divergence d’opinions autour d’un concept qui, aujourd’hui, se retrouve sur toutes les lèvres sans que l’appellation soit vraiment contrôlée. (M. Gontard, 2003, p. 23). Pourtant, J.-F. Lyotard (1988, p. 64) essaie tant bien que mal de le maintenir sur les traces de la modernité en tant qu’une plus-value de l’esthétique littéraire. Cette conception de Lyotard, qui relance les particules du postmodernisme sur les plateaux de la modernité, alimente de nombreux débats qui restent encore ouverts dans les cercles littéraires français.
Pour certains critiques français, qui s’alignent à la conception de Lyotard, il n’y a pas de postmodernisme sans modernisme. La modernité est cette instance pragmatique qui fonde et légitimise le discours postmoderne. Pour J. Habermas (1981, p. 10), qui n’est ni antimoderne, ni promoderne, « le postmodernisme est un projet inachevé de la modernité ». H. Meschonnic (1988), quant à lui, délaisse ce projet potentiellement conservateur et assez simpliste qui ramène le postmodernisme à la modernité pour le suggérer dans la postérité d’une esthétique du fourre-tout qui n’est plus. Il y a dans cette consécration meschonnicienne du post-modernisme une abstraction de l’ère moderne.
Avec ces théoriciens de renom, le post (-) modernisme s’ouvre à une pluralité d’approches théoriques toutes aussi paradoxales les unes que les autres. C’est dire la complexité de ce concept, difficile à conceptualiser et assez fonctionnel qui, s’invite, toutefois, chez A. Compagnon (1990), dans une réception à la fois plausible et particulièrement tranchée. Pour ce critique, en effet, le postmodernisme est un prolongement de la modernité ou pour reprendre les mots de R. Dion (1993, p. 93) « une intensification de la modernité ». Dans ces conditions, le postmodernisme est un modernisme moderne qui repense les dispositifs du système énonciatif mis en place par la modernité. On peut, ainsi, penser que le postmodernisme met le modernisme en relief tout en le déconstruisant.
Postmodernisme moderne (J.-F. Lyotard) ou postmodernisme surmoderne (M. Augé) ou encore post-modernisme anti-moderne (H. Meschonnic), toutes ces approches s’admettent selon la perspective préférentielle qu’on porte sur le concept. Pour les besoins de notre étude, nous optons pour le choix d’un postmodernisme moderne, sans la présence de ce tiret qui hante l’espace scriptural d’Henri Meschonnic, pour la simple raison, qu’en littérature, les parenthèses d’ordre conceptuel ne se ferment qu’à demi-mot. Les ruptures déclarées sont généralement beaucoup plus théoriques que réelles. Et l’expérience des nouveaux romanciers le démontre aisément.
Le postmodernisme que nous prônons, ici, rejoint tout simplement celui de J.-F. Lyotard (1988, p. 64) (Postmoderne ne signifiait pas la fin du modernisme, mais un autre rapport avec la modernité), sauf qu’il s’interroge dans le champ de la sexualité. Il s’agit d’un postmodernisme extrêmement contemporain qui remet en cause les mœurs sexuelles dans une société où, la morale ne s’impose plus et où, chaque individu est désormais libre d’extérioriser ses références sociales. Ce postmodernisme, qui admet une relecture des pratiques sexuelles et des mœurs sociales, devient plus intelligible lorsqu’il épouse les contours d’une nouvelle forme de configuration de la sexualité dans un acte de contestation et de revendication. Mais alors, comment se conçoit ce postmodernisme discursif dont les prédicats rappellent une réécriture de la sexualité ?
La sociocritique, en tant qu’une méthode d’analyse littéraire qui, selon E. Cros (1990, p. 4), « impulse ou canalise le dynamisme de production de sens » et la narratologie discursive travailleront à consolider l’hypothèse de cette écriture postmoderne qui se détachent des canons esthétiques traditionnelles pour se lier à des pratiques discursives dynamiquement innovantes. Cette hypothèse témoigne de la diversité des pratiques postmodernes ouvertement cernables dans un contexte social dominé par la postmodernité. Partant de là, l’analyse théorique, dans la première partie de cet article, établit la typologie du postmodernisme dans ses rapports avec le baroquisme, le Nouveau Roman et le modernisme. La deuxième partie de notre étude, qui éprouve la dynamique du postmodernisme, l’ouvre à des perspectives scripturales heuristiques qui s’étendent à une délégitimation des codes sexuels pour donner une esthétisation postmoderne de la sexualité. Et la troisième partie, pour finir, présente un miroir idéologique du postmodernisme.
​
Les savoirs endogènes face aux crises sociales en Afrique
DIOMANDÉ Zolou Goman Jackie Élise
Université Péléforo Gon Coulibaly
​
RÉSUMÉ
Au lendemain des indépendances, les Africains se sont donné les moyens pour reconquérir leur véritable liberté, afin de devenir responsables de leur propre développement. Ce développement aurait pu être fait en deux étapes : l’étape critico-réflexive, s’agissant de la philosophie et de la rationalisation des cultures africaines et l’étape technico-scientifique, concernant la transformation des savoirs endogènes africains. Mais il a été mal amorcé par les dirigeants africains qui ont fait une lecture erronée de leurs héritages locaux. La tâche qui incombe aux Africains consiste désormais à réinterroger ou à revisiter le legs ancestral pour se donner les moyens susceptibles de résoudre la question de l’extraversion technologique, intellectuelle, culturelle et scientifique. Ce procédé peut solutionner les crises sociales en Afrique qui ont toujours été les représentations idéologiques et politiques causées par la crise du savoir. De ce fait, ce texte gravite autour d’une question essentielle : en quoi le réexamen des savoirs endogènes pourrait être une solution aux crises sociales en Afrique ? L’objectif est d’examiner les valeurs et idéaux qui peuvent stimuler le génie créateur des Africains, et résoudre les crises des sociétés africaines. Il s’agit ainsi de fonder les valeurs épistémologiques et scientifiques des savoirs locaux africains pour que l’Afrique quitte définitivement la périphérie et participe au progrès de l’humanité, avec respect et dignité. Pour mieux examiner notre sujet, nous utiliserons la méthode analytico-critique.
Mots-clés
crise du savoir, développement, extraversion, rationalité, savoirs endogènes
​
ABSTRACT
After the independences, African people have taken the decision to reclaim their real freedom in order to become responsible for their own development. This development could have been done, concerning the philosophy and the rationalization of African cultures, and the technical-scientific stage, concerning the transformation of African endogenous knowledge. This development was poorly initiated by African leaders who misinterpreted their local heritage. The task of African is now to re-examine or revisit their legacies to discover the potential to solve the issue of technological, intellectual and scientific extraversions. The fact can provoke some social crises in Africa which have always been the ideological and political representation caused by the crisis of knowledge. As a result, this text brings out an essential question. In what way could the re-examination of endogenous knowledge be a solution to social crises in Africa? This study aims at showing or analyzing the values and ideals which can stimulate Africans and solve the crises of African societies. It means, to establish epistemological values and scientific of the African local knowledge for Africa, definitely leave the outskirts and participate to the evolution of humanity with respect and dignity. To better analyse our subject subject, me will use the analytical-critical method.
Keywords
Crisis of knowledge, development, extroversion, rationality, endogenous Knowledge
​
INTRODUCTION
Le concept de savoir endogène renvoie à un savoir enfoui dans une culture, une communauté, c’est l’en-soi d’une culture, le substantif identitaire d’une culture, qui attend d’être exploité, transformé, visité scientifiquement en profondeur, objectivé. Il s’agit d’avoir un rapport rationnel avec nos savoirs locaux, qui sera plus objectivant, plus critique et plus pratique, afin qu’ils deviennent des objets manipulables, qui répondront de manière efficiente aux besoins de l’Afrique en priorité. Cette réflexion nourrit l’ambition de voir l’Afrique compter sur elle-même, se prenant en charge en se servant de ses propres ressources locales, pour régler les problèmes qu’elle traverse. À cet effet, nous proposons l’usage rationnel des savoirs endogènes africains comme une voie de sortir des crises sociales en Afrique. De ce fait, l’on pourrait se questionner comme suit : en quoi le repositionnement rationnel des connaissances endogènes africaines contribuerait à résoudre, un tant soit peu, les crises sociales en Afrique ? Notre objectif est d’inciter les Africains à utiliser scientifiquement leurs savoirs endogènes pour remédier aux crises sociales que vivent les pays africains. Dans ce cas, il ne sera plus question de regarder uniquement en Occident et en Europe pour chercher des solutions aux problèmes des Africains. Car, les Africains sont aussi capables de transformer et de reconstruire leur réalité à partir d’un examen rationnel et critique de leurs savoirs endogènes. Que la force, le pouvoir, la puissance de l’Africain sur ses savoirs ancestraux ne soient pas seulement, comme le disait Hegel « une force de l’imagination, une domination imaginaire » (W. F. G. Hegel, 1979, p. 258.), mais au contraire des forces créatrices et inventives qui concourront au bien-être des sociétés africaines et qui se rependront aux autres sociétés. Ces actions favoriseront, ce que J. Ki-Zerbo (1992, p. 28.) appelle, le développement endogène en Afrique. C’est le type de développement qui se fait à partir des éléments de sa culture ancestrale. Dès lors, « il faut se re-connecter aux valeurs culturelles et sociales de l’Afrique. » (Y. Kouma, 2011, p. 152.)
À partir de ces analyses, il est clair que les savoirs endogènes constituent une force inestimable pour une Afrique en quête de son devenir. Pour ce faire, le rapport des Africains à leurs savoirs endogènes doit être objectif, critique. Une réflexion plus poussée s’avère indispensable pour une analyse approfondie des crises sociales en Afrique à partir du chemin tracé par Hountondji. Pour lui, l’exigence des pays africains aujourd’hui doit se former autour d’« une activité scientifique autocentrée » (P. J. Hountondji, 1994, p. 9.). Cette exigence est de se servir et de se saisir des savoirs endogènes de façon scientifique pour répondre efficacement aux défis actuels de nos sociétés africaines. Dans ces conditions l’appropriation scientifique des savoirs endogènes africains ne pourrait-elle pas contribuer à la résolution des crises sociales que connait l’Afrique ? À travers une démarche critique, nous ferons une analyse tripartite de la question : De l’extraversion scientifique des savoirs endogènes comme source des crises sociales en Afrique ; De la recherche autocentrée des savoirs endogènes africains au développement endogène ; De l’étude épistémologique des savoirs endogènes africains comme solution aux crises sociales en Afrique.
De la référence à la religion dans les Constitutions en Afrique face à la problématique de la construction de l’État-nation
Kouamé Hyacinthe KOUAKOU
​
RESUMÉ
​Les Constitutions du monde en général, et celles d’Afrique en particulier, mettent l’accent sur la volonté de construire l’unité nationale. Cette volonté est davantage renforcée par la référence à la religion, au sein des Constitutions. On peut alors parler de l’usage politique de la religion. Cet usage est d’autant plus légitime que les États africains, qui s’instituent au lendemain des indépendances sont, dans leur grande majorité, des agrégats d’ethnies, de langues et de cultures. Dès lors, la volonté affichée des dirigeants africains, sitôt les indépendances acquises, est de fédérer toutes ces disparités en vue de la cohésion et de l’unité nationales. L’objectif visé est de faire de chaque État une nation. Toutefois, la référence à la religion, dans les Constitutions, semble avoir un caractère discriminatoire et exclusionniste, au regard de la diversité des croyances et des religions en Afrique. Il apparaît alors que l’unité nationale, tant recherchée, se trouve mise à mal, C’est pourquoi il convient de concilier les exigences constitutionnelles et la volonté de construire l’unité nationale en faisant, par exemple, le choix de la laïcité au sein des Constitutions.
MOTS-CLÉS
Afrique – Cohésion nationale – Constitutions - État-nation – Laïcité – Politique – Religion
ABSTRACT
The Constitutions of the world in general and those of Africa in particular, emphasize the will to build national unity. This will is further reinforced by the reference to religion within Constitutions. We can then speak of the political use of religion. This use is all the more legitimate since the African States which have settled after the independence are, in their great majority, aggregates of ethnic grays, languages and cultures. Therefore, the will displayed by African leaders, as soon as independence has been acquired, are to federate all these disparities with a view to national cohesion and unity. The aim is to make each state a nation. However, the reference to religion in Constitutions seems to be discriminatory and exclusionist in view of the diversity of beliefs and religion in Africa. It then appears that sought- after national unity is undermined. This is why it is necessary to reconcile the constitutional requirements and the will to build national unity by making, for example, the choice of secularism within the Constitutions
​
​KEY WORDS
Africa – Constitutions – National cohesion – Politics – Religion – Secularism – State-nation.
​INTRODUCTION
Les États africains qui s’instituent au lendemain des indépendances sont dans leur presque totalité des agrégats d’ethnies, aux pratiques culturelles, aux langues et aux religions le plus souvent différentes les unes des autres. Face à tant de disparités, il appartient désormais aux Chefs de ces différents États de rechercher l’unité nationale, c’est-à-dire de rendre homogène cette hétérogénéité. Il convient, de ce fait, de trouver les voies et moyens nécessaires à la réalisation de l’unité nationale, gage de cohésion sociale, mais aussi et surtout de développement. C’est pourquoi, très tôt s’imposent, aux uns et aux autres, l’urgence et la nécessité du parti unique, censé fédérer toutes les idéologies et toutes les forces politiques héritées de la période coloniale. Il fallait parvenir par tous les moyens au consensus politique, en taisant les divergences d’opinions et d’idéologies, brandies comme de sérieux obstacles à la cohésion sociale. Avec des moyens divers et variés, l’unité politique sera réalisée dans la plupart des cas. De gré ou de force, il fallait amener les diverses forces politiques qui avaient plus ou moins démontré leur assise nationale au moment des luttes de libération nationale à fusionner au sein du parti unique, perçu comme le fer de lance de l’unité nationale. En outre, convaincus de ce que le seul discours politique n’est pas toujours apte à soumettre les plus hostiles et à les convaincre de la nécessité du consensus national, d’autres États font le choix de l’option religieuse. On assiste dès lors à l’adoption de Constitutions faisant très souvent référence à la religion. On proclame solennellement telle ou telle religion comme religion officielle ou religion d’État. La référence religieuse permet ainsi, à travers l’invocation de l’Être suprême, de renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale, à travers le rôle social qu’est censée jouer la religion. En somme, l’introduction de la religion dans les Constitutions en Afrique semble contribuer à l’édification de l’État-nation.
Pourtant, la référence religieuse dans les Constitutions en Afrique, comme partout ailleurs dans le monde, ne va sans poser problème. Nous sommes, en effet, sans ignorer que les croyances religieuses sont loin d’être uniformes. Aux religions traditionnelles africaines, assimilées à l’animisme, voire à l’athéisme, se sont ajoutées les religions monothéistes, à l’image du Christianisme et de l’Islam, et une diversité de religions polythéistes. Dans un tel contexte, proclamer religion d’État telle ou telle autre, ce n’est ni plus ni moins que minimiser la portée de toutes les autres, perçues sous le prisme de la minorité. S’il est vrai que l’exploitation politique d’une telle référence sert les intérêts des pouvoirs en place, il n’en demeure pas moins qu’elle porte en elle les germes de la division et de la fracture sociale, préjudiciables à la construction de l’État-nation.
Dès lors, quelle est l’opportunité de la référence à la religion dans les Constitutions en Afrique dans la volonté de construction de l’État-nation ? Au-delà de la volonté de construire l’État-nation, Comment concilier, dans ces conditions, les exigences constitutionnelles relatives à la religion et la consolidation de l’unité nationale ? Les réponses à ces interrogations constitueront les axes majeurs de cette réflexion dont la visée est de situer la dimension politique de la religion dans un contexte dominé par les extrémismes et les fanatismes. Pour y parvenir, nous userons d’une double approche analytique et critique qui s’inspire des pratiques socio-politiques à l’œuvre au sein des États africains.
​​
​
Transhumanisme et posthumanité dans les débats bioéthiques à partir de Hottois : Quelle humanité au XXIe siècle ?
Faloukou DOSSO, Enseignant-Chercheur,
Université Alassane Ouattara​
RESUMÉ
La logique du techniquement possible, "cet impératif technoscientifique" ayant pour souci la « liberté créatrice à l’infini » G. Hottois (1999, p. 174), pousse la bioéthique à entrevoir un humanisme rattaché à la dynamique des technosciences qui se chargent d’améliorer et d’augmenter des capacités de l’homme. C’est l’ère du transhumanisme où est promu un humanisme dont le passage à l’âge adulte est posthumaniste. L’évolution de l’humanité se solde par un dépassement, à savoir la posthumanité. « Le transhumanisme mérite d’être pris au sérieux » G. Hottois (2014, p. 19). En tant que projet découlant des biotechnologies, les techniques biomédicales pour l’amélioration et/ou l’augmentation des capacités et des performances cognitives, émotionnelles et physiques de tout individu, informé et libre, consentant ou non, il se constitue en un horizon problématique spéculatif qui alimente une part importante des débats bioéthiques. La bioéthique vient poser le problème de la claire perception de l’humanité puisque « le transhumanisme étend à l’être humain l’universel façonnement technoscientifique » G. Hottois (2018, p. 464). La destinée de l’humanité débouche sur son achèvement à l’ère des technosciences puisque la technologisation du monde révèle une autre conception de l’humanité. Elle parle plus de posthumanité, du sortir de l’enfance de l’humanité pour le posthumanisme, l’âge adulte posthumaniste. Le transhumanisme engage l’humanité dans une vision du monde qui mérite d’être interpellée, puisqu’il n’est pas porteur d’un projet social et politique, d’une volonté d’éthicisation de la société. C’est à l’âge transhumaniste que naissent les notions de posthumanisme, de posthumanité, d’humanisme des modernes, d’homme augmenté. Bien qu’il « offre quelque chose à dire face au nihilisme » G. Hottois (2014, p. 75), le transhumanisme engage l’humanité dans un processus d’humanisation qui dépouille l’humain de "l’image de l’homme, de l’image de l’homme naturel-culturel" pour en faire « une species technica » G. Hottois (2018, p. 458). Aujourd’hui, il faut « penser la bioéthique avec pour défi la capacité d’exercer encore la liberté de décider quelle humanité nous voulons incarner, assumer et défendre » E. Hirsch (2018, p. 22). Cet article s’efforce de (dé)montrer la nécessité de tenir compte de ce qui fait la substance de l’humanité à l’ère du transhumanisme pour ne pas étioler le naturel-culturel en l’espèce humaine. Il est convenable de penser à nouveau frais l’humanité au XXIe siècle pour que notre volonté d’obtenir un homme augmenté ne se solde pas par une mise en place d’une société de cyborgs au naturel. L’avenir de l’espèce humaine en dépend.
​
Mots-clés
Amélioration – Augmentation – Bioéthique – Humain – Humanité – Posthumanité – Transhumanisme.
​
ABSTRACT
The logic of the technically possible, "this technoscientific imperative" having for concern the "infinite creative freedom" G. Hottois (1999, p. 174), pushes bioethics to glimpse a humanism attached to the dynamics of the technosciences which are task to improve and increase the capacities of the human species. This is the era of transhumanism in which a humanism whose transition to adulthood is posthumanist is promoted. The evolution of humanity results in a total overtaking, namely post-humanity. "Transhumanism deserves to be taken seriously" G. Hottois (2014, p. 19). As a project arising from biotechnologies, in this case biomedical techniques for the improvement and/or increase of the cognitive, emotional and physical capacities and performances of any individual, informed and free, consenting or not, it is constituted into a problematic speculative horizon that feeds a large part of bioethical debates. Bioethics comes to pose the problem of the clear perception of humanity since "transhumanism extends to human beings the universal technoscientific shaping" G. Hottois (2018, p. 464). The destiny of humanity is coming to an end in the age of technosciences since the technologization of the world reveals another conception of humanity. She talks more about posthumanity, of coming out of the childhood of humanity for posthumanism, posthumanist adulthood. Transhumanism engages humanity in a vision of the world that deserves to be addressed, since it does not carry a social and political project, a desire to ethicize society. It is in the transhumanist age that the notions of posthumanism, posthumanity, modern humanism, augmented man are born. Even though he “offers something to say in the face of nihilism” G. Hottois (2014, p. 75), transhumanism engages humanity in a process of humanization which strips the human of “the image of the human being, the natural-cultural man" to make it "a species technica" G. Hottois (2018, p. 458). Today, we must "think of bioethics with the challenge of the ability to still exercise the freedom to decide which humanity we want to embody, assume and defend" E. Hirsch (2018, p. 22). This article attempts to show the need to take into account what makes the substance of humanity in the age of transhumanism so as not to erode the natural-cultural in the human species. It is fitting to think freshly of humanity in the 21st century so that our drive for an augmented man does not end in the establishment of a society of natural cyborgs.The future of mankind depends on it.
​
Keywords
Improvement - Increase - Bioethics - Human - Humanity - Posthumanity - Transhumanism.
​
INTRODUCTION
Le projet d’amélioration technoscientifique de l’homme et d’augmentation de ses facultés naît de la dynamique des biotechnologies, précisément des techniques biomédicales à dépasser ses limites. « Le transhumanisme, focalisé sur l’amélioration technoscientifique des capacités humaines, privilégie les sciences et les techniques biomédicales » G. Hottois (2014, p. 33). Il se charge de la technologisation de la nature interne de l’homme en se focalisant sur l’amélioration de ses performances intellectuelles, physiques, émotionnelles et spirituelles. Il se déploie au façonnement du futur des sociétés et épouse les technologies convergentes pour rendre performantes les facultés humaines. Il s’agit « d’améliorer des facultés humaines ou d’en créer de nouvelles moyennant une application des sciences biomédicales » L. K. Sosoe (2016, p. 2). Le transhumanisme s’implique dans la bioéthique, la biopolitique et se constitue en un adversaire du "bioconservatisme" dans la promotion d’un humanisme qui désoriente la perception commune et habituelle de l’humanité.
« Dans sa forme radicale, l’amélioration de l’homme ou le transhumanisme se transforme en posthumaniste : il veut dépasser l’homme. L’ère de l’humain est dépassée » L. K. Sosoe (2016, p. 3). La radicalité du transhumanisme réside dans le dépassement de l’ère de l’humain. En se transformant en posthumanisme, en posthumanité, le transhumanisme veut dépasser l’homme naturel pour un cyborg au naturel, l’humain dopé. Cela engage l’humanité à emprunter la voie d’une nouvelle religion et à se situer dans l’étape logique et évidente de son déploiement technologique. Le transhumanisme favorise le dépassement de l’homme dans une atmosphère où ce sont les technologies biomédicales qui définissent l’humanité ou la conduisent à la posthumanité. C’est « l’avènement d’un état de la société, d’une culture, d’une étape à laquelle l’amélioration ou le transhumanisme va conduire l’humanité dont l’évolution se terminera dans un total dépassement : la posthumanité » L. K. Sosoe (2016, p. 3). Le transhumanisme, en prospérant dans une atmosphère de dynamisation des technologies biomédicales, veut aboutir à l’avènement d’une société, d’une culture, d’une étape de perfectionnement de l’humanité qui se soldera par son total dépassement.
Le XXIe siècle passe progressivement des traitements sophistiqués au transhumanisme, à l’amélioration technoscientifique des capacités humaines. De tous les modes de transformations de l’humain (la sélection des embryons selon le génotype, l’ingénierie génétique sur les embryons, l’insertion des gènes de l’animal humain et non humain et des chromosomes artificiels, l’administration de médicaments mélioratifs des capacités cognitives, l’implantation des tissus et des organes à la faveur de la manipulation génétique, l’interface entre le cerveau et l’ordinateur à partir des nanotechnologies allant jusqu’à connecter aujourd’hui les tissus neuronaux aux circuits électroniques), c’est la génétique, la manipulation génétique, qui implique la sélection, par les parents, des traits du futur enfant, qui est en cause, pose problème. L’obtention de l’homme augmenté ne se soldera-t-elle pas par la mise en place d’une société de cyborgs au naturel ? De quelle humanité sera-t-il question au XXIe siècle ?
Faire le choix de l’essai de tout le possible technoscientifique stimulé par l'impératif technicien, à travers le « faire tout ce qu'il est possible de faire, faire toutes les expériences, toutes les manipulations, actualiser tous les possibles, développer toutes les puissances, toutes les potentialités de l'être : de la matière, du vivant, du pensant » G. Hottois (2000, p. 88), met l’humanité en difficulté. Hottois adhère à un technoprogressisme, la synthèse du libertarianisme et du conservatisme. Une telle situation ne fera qu’ouvrir la boîte de Pandores technoscientifiques et effondrer les morales traditionnelles fondées sur une conception religieuse du permis et/ou du défendu, du prescrit et/ou du proscrit et d’argumenter en regardant en direction du principe de détermination des normes. Ne faut-il pas (re)penser la bioéthique avec pour défi la capacité d’exercer encore la liberté de décider de l’humanité que nous souhaitons incarner, assumer et défendre ? Quelle est l’influence de Hottois dans les débats bioéthiques du XXIe siècle qui se rapportent au transhumanisme et à la question de la posthumanité ?
La saisie des notions, dans le sens d’aller dans leurs interstices (1), permettra de cerner la position de Hottois pour déterminer son influence (2) à la suite de l’appel à « faire tout ce qu'il est possible de faire » G. Hottois (1984, p. 146). En mettant l’accent sur le type d’humanité auquel l’on aspire pour la mise en place d’une société de cyborgs au naturel, il faut accompagner Hottois, parler de la spécificité de l’humanité face à la fascination produite par le transhumanisme (3).
​
RHETORIQUE DU DSCOURS PRENUPTIAL CHEZ LES DIDA
Dago Michel GNESSOTÉ
Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody
​
RESUMÉ
Parler est acte humain et social qui nécessite de l’esthétique. Car on n’écoute et on n’approuve que la parole qui plaît. Et elle plait parce qu’elle est bien dite. Chez les Dida, l’esthétique de la parole est une donnée fondamentale. Ainsi les occasions festives comme les cérémonies prénuptiales sont-elles les lieux pour le Dida de faire montre de son art oratoire. Cette étude se charge de mettre en relief un pan du riche savoir linguistique, social et culturel dudit peuple. La pragmatique et l’énonciation sont les techniques qui serviront de transport méthodologique à l’analyse. Un répertoire constitué d’énoncés habituellement utilisés lors de ces cérémonies vient servir de soubassement. A terme, cette étude vise à montrer que la parole chez les Dida a plusieurs formes et fonctions. A chaque circonstance correspond un type de discours bien précis. Les cérémonies prénuptiales sont l’une des occasions parmi tant d’autres où les Dida se donnent à l’exercice de l’art oratoire comme le montre si bien cette étude. Il est à noter aussi la place prépondérante que le proverbe occupe dans les échanges prénuptiaux chez les Dida. En effet, les Dida ne s’adressent pas directement à leur interlocuteur lors des cérémonies. Ils font toujours usage de ce qu’il est convenu d’appeler le discours oblique ou le discours figuratif. En tant que genre de la littérature orale africaine, le proverbe se pose et s’impose comme une donnée essentielle constitutive de l’esthétique langagière chez le peuple dida, car en tant qu’une forme de métaphore particulière, le proverbe marque l’expressivité de langage.
Mots-clés
Rhétorique, discours, prénuptial, proverbe, énoncés
​
ABSTRACT
Speaking is a human and social act that requires aesthetics. Because we only listen to and approve the word that pleases in its form. Among the Dida, the aesthetics of speech is a fundamental given. Thus, festive occasions such as prenuptial ceremonies are the places for the Dida to demonstrate his oratory art. This study is responsible for highlighting a part of the rich linguistic, social and cultural knowledge of the said people. Pragmatics and enunciation are the techniques that will serve as methodological transport for the analysis. A repertoire made up of statements usually used during these ceremonies serve as a foundation. It should be noted the preponderant place that the proverb occupies in the pre-marital exchanges among the Dida. As a genre of African oral literature, the proverb arises and imposes itself as an essential component of the aesthetic language of the Dida people.
​
Keywords
Rhétoric, speech, prenuptial, proverb, utterances
​
INTRODUCTION
La parole est un instrument fondamental à l’usage exclusif des hommes pour résoudre un besoin de communication. Elle met en présence deux instances énonciatives JE et TU qui à travers une interactivité verbale communiquent, agissent, s’influencent mutuellement. L’étude-ci porte sur la « rhétorique du discours prénuptial chez les Dida ». Elle nous permettra à travers un corpus choisi à propos de mettre en relief le maniement de la langue et la maîtrise du patrimoine culturel de ce peuple. Car chez les Dida, le discours lors des rencontres traditionnelles prénuptiales tient compte de la culture ou de la tradition dida.
L’objectif à terme est de montrer comment la parole est utilisée lors des cérémonies prénuptiales chez les Dida. De même, la pragmatique intégrée et l’énonciation serviront comme techniques appropriées pour analyser les énoncés répertoriés. En effet, A. Gbogbou (2020, p.119) soutient que la pragmatique « est une approche linguistique qui se propose d’intégrer à l’étude du langage, le rôle des utilisateurs de celui-ci, ainsi que les circonstances dans lesquelles il est utilisé. » Il précise par ailleurs que « la pragmatique étudie les présuppositions, les sous-entendus, les implications, les conventions du discours. » L’énonciation quant à elle est la mise en fonctionnement du langage de façon individuelle, personnelle. Les énoncés du corpus répertorié ont été analysés l’un après l’autre. De plus, nous avons fait appel à la technique de traduction à l’aide de l’alphabet des langues africaines, pour traduire lesdits énoncés en dida. L’économie de notre analyse est présidée par deux colonnes principales allant d’une précision terminologique (qui pose les bases définitoires et théoriques de l’étude) et d’une analyse des données du corpus choisi.
LA CRITIQUE BACHELARDIENNE DU CONCEPT DE DÉTERMINISME DANS SON IDENTIFICATION Á L’ESPRIT SCIENTIFIQUE
Dr. GOLI KOUASSI YVES ROMARIC, Enseignant-chercheur
Université Peleforo GON COULIBALY de Korhogo
RESUMÉ
L'idée de déterminisme, proposée pour étendre et généraliser la science en vue de contribuer à son progrès, se constitua dès lors comme un véritable obstacle épistémologique. Considéré au départ comme un idéal donc indispensable à la pensée scientifique, le déterminisme s’est par la suite, révélé comme un frein au progrès scientifique à cause de son identification à l’esprit scientifique. Provenance de l’astronomie, le déterminisme pose non seulement un problème de forme des objets, mais aussi et surtout un problème de leur trajectoire. Ả cela, il faut ajouter le problème lié à la notion de loi, non sans oublier celui relatif à la complexité de la définition du concept de déterminisme à l’intérieur même de la pratique scientifique. Ả ces obstacles mentionnés, il faut aussi signifier le problème lié à la supposition du concept de déterminisme ; supposition qui fait que le déterminisme s’oppose à une géométrie non-euclidienne et à une sélection nonpréalable des phénomènes. Enfin, son aspect figé et la méconnaissance de ses limites sont les causes qui identifient le concept de déterminisme à l’esprit scientifique. S’appuyant sur l’épistémologie de Gaston Bachelard, nous pensons que la pensée scientifique doit donc se différencier du concept de déterminisme afin de connaitre un réel progrès.
​
Mots-clés
déterminisme, esprit scientifique, épistémologues, épistémologie, progrès.
​
ABSTRACT
The idea of determinism, proposed to extend and generalise science in order to contribute to its progress, became a real epistemological obstacle. Initially considered as an ideal and therefore indispensable to scientific thought, determinism subsequently proved to be a brake on scientific progress because of its identification with the scientific spirit. Originating in astronomy, determinism poses not only a problem of the form of objects, but also and above all a problem of their trajectory. To this must be added the problem of the notion of law, not forgetting the problem of the complexity of the definition of the concept of determinism within scientific practice itself. To these obstacles mentioned, we must also mention the problem related to the assumption of the concept of determinism; an assumption that makes determinism opposed to a non-Euclidean geometry and to a non-preliminary selection of phenomena. Finally, its fixed aspect and the ignorance of its limits are the causes that identify the concept of determinism with the scientific mind. Based on the epistemology of Gaston Bachelard, we believe that scientific thought must therefore differentiate itself from the concept of determinism in order to make real progress.
​
Keywords
determinism, scientific thought, epistemologists, epistemology, progress
​
INTRODUCTION
L’intrusion du déterminisme dans le domaine scientifique suscite d’infinies interrogations. Selon A. Bret (2003, p. 3) « L'idée de déterminisme, proposée pour étendre et généraliser la causalité physique, ajoutant en particulier la considération des conditions initiales, se constitua dès lors comme la référence idéale et considérée comme indépassable de toute connaissance scientifique ». Ce philosophe des sciences estime que l’introduction de la notion de déterminisme en science est indéniable eu égard de son importance. Cette intrusion est d’autant plus importante dans la mesure où « la notion de déterminisme a accompagné la formation des sciences modernes, et en premier lieu la physique » (2003, p. 3). Bien que vantant les mérites du déterminisme, il précise plus loin que son intrusion en science, plus précisément en physique a des limites qu’il faut absolument respecter afin d’éviter des tribulations, les problèmes et le désordre. Il écrit à cet effet que « (…) la formulation ultérieure du déterminisme au sens laplacien, et la pensée d’une idéal déterministe étendu de la mécanique à la physique et à la science en général ; puis les modifications et les critiques subies par ces notions, notamment avec la relativité et la physique quantique sont les problèmes de compréhension et d’interprétation auxquels elles ont donné lieu : en somme, leurs tribulations ». Cette explication ne semble pas rencontrer l’adhésion de certains sociologues tels que R. Le Roux et A. Saint-Martin. Ils estiment qu’il serait préférable d’orienter autrement le débat relatif à l’avènement du déterminisme en science. Ainsi, R. Le Roux et A. Saint-Martin soutiennent qu’il faut plutôt soulever le problème lié à la situation du déterminisme dans les sciences humaines et sociales de façon générale que de le faire en physique seulement. S’ils le disent, c’est parce que « la question du déterminisme ne cesse d’animer les débats sur l’identité épistémologique, la portée et le devenir des sciences humaines et sociales (SHS). Jamais complètement tranchés, ces débats resurgissent périodiquement au fil des évolutions internes comme des interrogations, sollicitations ou défis provenant de champs adjacents (sciences de la nature, sciences cognitives, philosophie, psychanalyse) » (2016, p. 1). Ả l’ère du nouvel esprit scientifique, le débat entre déterminisme et science doit s’inscrire dans cette logique ou perspective. Parler de l’intrusion du déterminisme en science, revient donc à soulever le problème de sa situation en sciences humaines et sociales étant donné que « Le déterminisme en sciences sociales est un thème d'actualité » (2016, p. 2).
Si ces études philosophiques et sociologiques permettent ainsi de comprendre les raisons de l’avènement de la notion du déterminisme en science, elles négligent, malgré quelques évocations passagères, son lien avec la science elle-même. Ả ce titre, l’analyse de B. Piettre semble intéressante, vu qu’elle montre la liaison étroite qui lie le concept de déterminisme d’avec la science. Le philosophe français le souligne clairement et distinctement dès l’entame de ses recherches : « Le déterminisme est une notion qui n’apparaît guère poser de problème tant elle paraît liée à l’existence des sciences, au moins des sciences dites dures, voire des sciences humaines » (B. Piettre, 2020, p.1). Le déterminisme, à première vue, parait identifiable à la science.
Partant de ces différents points de vues, se pose alors le problème de l’intrusion du concept de déterminisme en science. Mais au fait, le problème du concept de déterminisme en science n’est-il pas lié à son identification á l’esprit scientifique ? Autrement dit, l’identification du concept de déterminisme à l’esprit scientifique n’est-il pas un frein au progrès de la science elle-même ? Si oui, comment pourrions-nous alors justifier cette affirmation ?
Une telle affirmation pourrait se justifier à la lumière de la pensée de Gaston Bachelard. Le philosophe des sciences explique comment l’identification du concept de déterminisme à l’esprit scientifique peut être source d’obstacles épistémologiques. Avec l’épistémologie de Gaston Bachelard, nous pensons être mieux outillés pour tenter de résoudre cette problématique qui a trop durée dans le monde de la philosophie des sciences. Ainsi, nous partirons de la méthode historico-critique et de la méthode analytique pour tenter de répondre à cette problématique. Il s’agira d’abord de définir le concept de déterminisme et la notion d’esprit scientifique. Ensuite, montrer en quoi la critique bachelardienne du concept de déterminisme dans son identification à l’esprit scientifique est fondée. Enfin, étaler les enjeux de la critique bachelardienne du concept de déterminisme dans son identification à l’esprit scientifique.
​
La conception du socialisme adotevien et le développement de l’Afrique : Pour une déconstruction du socialisme africain de Senghor, Nyerere et Nkrumah.
Dr Yeo Yallamissa
​Université Alassane Ouattara de Bouaké
RESUMÉ
La question du développement de l’Afrique préoccupe les autorités politiques et intellectuelles du continent. Jadis considéré comme l’aspect fondamental du bien-être social, le socialisme tel que conceptualisé par les élites africaines, est aujourd’hui une menace pour le développement de l’Afrique. Mais au vu du rôle immense qu’il joue dans le processus de développement, cette réflexion tente de démontrer qu’une réflexion sérieuse s’appuyant sur la méthode holistique permettra de redorer le blason de ce système politique de gouvernance. Ce travail invite donc les Africanistes de tout bord à organiser des réflexions pour penser et panser le mal qui retarde le développement durable de l’Afrique.
​
Mots-clés
Africain, Déconstruction, Développement, Endogène, Le passé, Liberté, Marxisme-Léninisme, Socialisme
​
ABSTRACT
The issue of Africa’s development preoccupies the continent’s political and intellectual authorities.Once considered the fundamental aspect of social well-being, socialism as conceptualized by African elites is today a threat to Africa's development.But given the immense role it plays in the development process, this reflection attempts to demonstrate that serious reflection based on the holistic method will restore the image of this political system of governance.This work therefore invites Africanists from all sides to organize reflections to think about and heal the evil that is delaying the sustainable development of Africa.
​
Keywords
African, Deconstruction, Development, Endogenous, The past, Freedom, Marxism-Leninism, Socialism.
​
INTRODUCTION
L’Afrique est enquête du développement, depuis les soleils des indépendances acquises ou octroyées. Elle reste ce continent qui semble être encore à la traine avec tous les maux. Conscient de ce fait, les dirigeants et élites Africains ont tous mobilisé leurs forces pour parvenir au développement. Dans cette veine, ils ont jugé bon de choisir des systèmes de gouvernance qui pourront booster le continent vers le développement. Mais, après cinquante années, le continent semble être toujours sous-développé comme s’il refusait le développement pour parler comme Axel Kabou. Comment expliquer cet état de fait ? L’Afrique semble réfractaire au développement après plus de cinquante années passées dans l’indépendance. Dans ce contexte, les systèmes de gouvernances mis en place ne sont pas à disculper. Il urge donc de réfléchir sur les bonnes pratiques de développement. Le fait de vouloir tropicaliser, ou du moins, fabriquer des systèmes de développement à base africaine n’est-il pas la cause de cet échec ? Mais, faut-il pour autant se contenter d’un mimétisme béat en copiant tous les systèmes occidentaux et les appliquer en Afrique sans tenir compte des réalités africaines ? Enfin, quelle est la bonne méthode à utiliser pour que l’Afrique puisse emprunter la voie sûre du développement ?
En effet, partagés entre africanistes radicaux et européocentristes, ces questions ont été mille fois posées et ont également eu des réponses diverses. Pour résoudre cette question de sous-développement, les Africains tels que Senghor, Nyerere, Nkrumah et Adotevi estiment tous que le socialisme doit être vulgarisé afin de parvenir au développement. Mais, tous n’ont pas la même conception de ce socialisme. En quoi consistent leurs socialismes ?
Pour les uns comme Senghor, Nyerere ou Nkrumah, l’Afrique ne doit pas copier de socialisme étranger (socialisme marxien), puisqu’elle avait dans son passé le socialisme. Alors, pour eux, le socialisme qui pourra sortir l’Afrique du sous-développement doit avoir une teinture africaine. Contrairement à eux, Adotevi pense plutôt que le socialisme à visage africain est une farce, une imposture que les classes dirigeantes utilisent pour s’enrichir comme les colonisateurs qui exploitaient le continent noir. Dès lors, il faut prendre le socialisme tel que pensé par Marx et Lénine. C’est là, selon lui, la condition pour parvenir au développement de l’Afrique. Comment le socialisme tel que conceptualisé par Adotevi pourrait-il permettre à l’Afrique d’amorcer son développement ? En d’autres termes, le socialisme occidental (marxisme-léninisme) serait-il la seule voie d’accès au développement de l’Afrique à telle enseigne que les modèles africains seraient à ranger au musée des curiosités intellectuelles ?
Ce travail cherche à démontrer qu’il n’existe pas de socialisme à coloration africaine. Ce qui explique également la difficile conciliation entre le socialisme dit africain et le développement. Orienté en trois parties, ce travail montre d’abord le regard qu’Adotevi jette sur ce qu’il appelle le socialisme à visage africain, ensuite la conception du socialisme adotevien. Enfin, la dernière partie est consacrée aux perspectives du socialisme adotevien.
​
Hegel et l’enjeu historique de la COVID-19 : la constitution d’une société numérique
Akpolê Koffi Daniel YAO
​Université Peleforo Gon Coulibaly /Korhogo
RESUMÉ
L’appréhension de la pandémie de la covid-19 laisse percevoir un bouleversement des modes de vie de l’humanité tout entière. Cette pandémie, saisie à partir des catégories de la pensée hégélienne, se présente comme une figure de la crise dans le déroulement rationnel de l’histoire. Comme telle, en raison de son mode d’être transitoire, elle invite à une attention, non sur ce qu’elle est, mais sur ce que la raison, à travers elle, vise dans l’histoire. Nous plongeant dans le numérique, de par les exigences sanitaires qu’elle requiert, la covid-19 révèle ainsi son sens : le ce en vue de quoi elle est. Toutefois, rapportée à une analyse sociale, les usages qui sont faits de ce numérique offrent le spectacle de l’universel perdu dans ses extrêmes ; d’où la nécessité d’édifier en institution une organisation pouvant encadrer ses pratiques cet environnement. Et, c’est par la naissance d’une telle institution que pourra se constituer une société numérique véritable qui répondra en tant qu’enjeu rationnel de la covid-19.
​
Mots-clés
Histoire, Institution, Progrès, Raison, Société numérique
​
ABSTRACT
The apprehension of the covid-19 pandemic suggests a disruption in the lifestyles of all mankind. This pandemic, grasped from the categories of Hegelian thought, presents itself as a figure of crisis in the rational unfolding of history. As such, by virtue of its mode of being transitory, it invites attention, not on what it is, but on what reason, through it, aims in history. Plunging us into the digital world, through the health requirements it requires, covid-19 thus reveals its meaning: the what for what it is. However, compared to a social analysis, the uses that are made of this digital technology offer the spectacle of the universal lost in its extremes; hence the need to build an institution that can oversee practices in this environment. And it is in the birth of such an institution that a true digital society can be formed that will respond as a rational issue of covid-19.
​
Keywords
History, Institution, Progress, Reason, Digital society
​
INTRODUCTION
En dehors du cadre médical, l’évènement qu’est la pandémie de la covid-19 ne donne-t-il pas à penser ? L’évènement, en tant que l’essentiel pour l’histoire, a cette particularité de rompre avec la « monotonie » ou la routine de l’existence à un moment donné ; soit momentanément, soit définitivement. Ce qu’il induit, lorsqu’il se donne sous la forme d’une crise, c’est la transformation des conceptions et des agirs qui traduisent, à leurs tours, une dynamique sociale nouvelle. Cette dernière ne va pas sans exiger une adaptation de l’homme à sa condition nouvelle ; et les peuples semblent être engagés dans une course à l’adaptation où les cartes sont redistribuées pour le positionnement. Dès lors, comment ne pas prêter attention à ce qui survient comme crise ? Le fait crisique que constitue la pandémie de la covid-19 n’invite-t-il pas à une réflexion relativement à la dynamique de l’histoire ? Ne faut-il pas prêter attention aux transformations ou reconfigurations sociales qu’il entraîne ? Avec cette pandémie, se perçoit une transformation des interactions sociales par la médiation des outils de la technologie numérique.
Bien que la pandémie soit appelée à disparaître, naturellement ou artificiellement, la reconfiguration des interactions sociales qu’elle a instaurée par la médiation du numérique, semble affirmer un caractère perdurable. Ainsi, le numérique, qui apparaissait comme le moyen d’une stratégie de résilience, reprend une place assez centrale. Ce repositionnement du numérique qui tend à se déprécier avec la levée du confinement (ce qui apparaitrait comme un rendez-vous manqué avec l’histoire) mérite une attention particulière autour de la question : L’enjeu de la covid19 n’a-t-il pas un ancrage numérique ? Cette technologie du numérique, parce qu’étant antérieure à la pandémie du corona virus, ne doit-elle pas être, pour elle-même, interrogée afin de saisir l’écart entre son être immédiat et son être en tant qu’enjeu ? N’est-ce pas à partir de cette différenciation que peut surgir la nécessité d’encadrer le numérique par des institutions conçues pour l’accueillir ? La réponse à ces questions trace en effet le chemin que suivra notre réflexion.
​
CONFÉRENCE INAUGURALE À L’OCCASION DE DJAKA FESTIVAL LE VENDREDI 11 DÉCEMBRE 2020 À DIVO THÈME : ‘‘LA SÉMANTIQUE DU CONCEPT ‘‘BOBLA’’ DANS L’ANTHROPOLOGIE DIDA’’
Pr. Alphonse SEKRÉ GBODJÉ​
​
RESUMÉ
L’appréhension de la pandémie de la covid-19 laisse percevoir un bouleversement des modes de vie de l’humanité tout entière. Cette pandémie, saisie à partir des catégories de la pensée hégélienne, se présente comme une figure de la crise dans le déroulement rationnel de l’histoire. Comme telle, en raison de son mode d’être transitoire, elle invite à une attention, non sur ce qu’elle est, mais sur ce que la raison, à travers elle, vise dans l’histoire. Nous plongeant dans le numérique, de par les exigences sanitaires qu’elle requiert, la covid-19 révèle ainsi son sens : le ce en vue de quoi elle est. Toutefois, rapportée à une analyse sociale, les usages qui sont faits de ce numérique offrent le spectacle de l’universel perdu dans ses extrêmes ; d’où la nécessité d’édifier en institution une organisation pouvant encadrer ses pratiques cet environnement. Et, c’est par la naissance d’une telle institution que pourra se constituer une société numérique véritable qui répondra en tant qu’enjeu rationnel de la covid-19.
​
INTRODUCTION
La question relative au ‘‘bôblâ’’ soulève plusieurs problématiques : la question des conflits, de justice et de la culture de paix en pays dida, godié, ega, et neyo. D’une portée anthropologique, philosophique, socio-historique et politique, cette question est encore d’actualité dans une Afrique contemporaine désarticulée par les crises et les violences.
Hier, dans la société dida[1], comme chez les autres peuples, des rivalités territoriales opposaient les voisins d’une même aire géographique et socioculturelle. Des guerres de clans ou d’hégémonie ethnique alourdissaient l’atmosphère du cadre de vie commun, faisant des victimes au sein des communautés. Le crime y était facilement commis et le désarroi s’emparait de la tribu. Les fautes les plus graves comme le meurtre, le viol et l’adultère, étaient sanctionnées publiquement. On pouvait exclure le coupable du village ou le priver de sa famille.
Le Dida, dans sa nature pacifique et conciliante, savait faire face à l’offense et l’inacceptable. La tolérance et le sens profond du pardon relèvent de sa culture. Il s’appuyait sur sa coutume pour régler pacifiquement ses problèmes. Le ‘‘Bôblâ’’, tout comme le ‘‘Rameau’’ ou la ‘‘Palabre’’, des instruments institutionnels légitimes, à force de lois ancestrales, permettaient aux Dida, Godié, Ega et Neyo de résoudre les conflits de diverses natures.
Qu’est-ce que le ‘‘Bôblâ’’ ? Quel est son sens étymologique ? Le ‘‘Bôblâ’’ relève-t-il d’une réalité socio-historique ou d’une mythologie ? Quel fut son rôle ou sa fonction dans ces sociétés ? Aujourd’hui, comment, le ‘‘Bôblâ’’ peut-il servir de modèle de règlement de conflits dans une Afrique, voire dans une Côte d’Ivoire traumatisée et démantibulée par des crises meurtrières depuis plus de trois décennies ?
La littérature[2] sur le monde dida est abondante. Par contre, la problématique du ‘‘Bôblâ’’ comme instrument judiciaire traditionnel et son fonctionnement, n’ont a encore fait l’objet d’étude socio-historique ou anthropologique systématique, rigoureuse et scientifique. Il faut l’avouer, la question portant sur le ‘‘Bôblâ’’ relève d’une extrême complexité, il serait, donc, prétentieux de vouloir mener, ici, une étude exhaustive sur cette institution dida. C’est pourquoi, cette communication reste une contribution à la connaissance de la nature d’un pan du pouvoir judiciaire chez le Dida-Godié.
Au-delà du sens du mot, l’étude rend successivement compte de la personnalité juridique du ‘‘Bôblâ’’, de sa structure fonctionnelle, de son mode de règlement des conflits en pays dida-godié et, enfin, suggère le Bôblâ comme une thérapie susceptible d’éradiquer la violence politique en Afrique contemporaine.
​